Lors d'une rencontre témoignage autour de Louisette Ighilahriz à la fête de « l'Humanité », en septembre 2001, Nicole Dreyfus rappelait qu'« à Sétif, en 1945, le jour de la victoire contre le nazisme, une répression sanglante frappait la population algérienne ». Et, après avoir évoqué la répression de la manifestation pacifique du 17 octobre 1961 pour la levée du couvre-feu qui était imposé aux Algériens en plein Paris, l'avocate affirmait : « Il y a une responsabilité de l'Etat français qui doit reconnaître que ce qui s'est passé, il y a 40 ans, est inadmissible. » Nicole Dreyfus ajoutait : « Actuellement, les choses sont mûres pour que, de part et d'autre de la Méditerranée, on parle de réconciliation, laquelle pose une condition, la condamnation des tortionnaires par l'Etat qui les a engagés. Ce n'est pas l'oubli qui efface les crimes, c'est la reconnaissance de ses torts. » Nicole Dreyfus a défendu de nombreux nationalistes algériens pendant la guerre de Libération nationale. Elle effectue son premier voyage en Algérie en 1956. Son dernier voyage remonte à la fin octobre 1961. « J'étais à peu près trois mois en Algérie, au début par séjours de trois semaines, après, au bout de quinze jours, il fallait rentrer à Paris. » L'avocate a plaidé essentiellement à Alger, mais aussi à Oran, à Annaba, à Constantine et à Ouargla. Lorsque l'OAS se déchaîne, elle se souvient avoir dit à un militant politique : « Ce n'est plus la peine d'envoyer des avocats en Algérie parce qu'on est dans une phase telle que les condamnations à mort ne sont plus exécutées, il n'y a pas de menace immédiate. En revanche, l'OAS peut envahir les prisons, elle l'a fait dans certains cas, et là, nous ne pouvons rien. » Peu de temps après, Me Garrigues, avocat à Alger, était assassiné par l'OAS. Des militants du FLN qu'elle a défendus, Me Nicole Dreyfus a surtout revu, depuis, des femmes. L'avocate était souvent constituée par des femmes. « J'ai revu Malika Korriche, Safia Baaziz, qui était ma collaboratrice, elle est avocate à Paris, Anne-Marie Francès, qui est morte il y a deux ans et que j'ai hébergée chez moi pendant plusieurs mois à sa sortie de prison, Mériem Belmihoub-Zerdani, Djouher Akrour, j'ai revu à mon dernier séjour Guerroudj et sa femme, ainsi que Zohra Drif... » L'avocate raconte : « On plaidait les affaires qui venaient, avec souvent, à la clé, des condamnations à mort, il fallait étudier le dossier en quelques heures, et le lendemain plaider à fond. Je considère que c'était un combat juste, je suis contente de l'avoir mené. »