Les habitants de Sidi Amar, localité située en aval du barrage de Boukourdane (wilaya de Tipaza), se sont réveillés hier dans le calme, après avoir vécu la veille, en fin d'après-midi, des émeutes d'une très rare violence. Les incidents se sont produits juste après la fin d'une rencontre de football, ayant opposé l'équipe locale au leader, Aïn Tagouraït, une partie de football entrant dans le cadre du championnat de wilaya. Plusieurs dizaines de jeunes, déchaînés, ont empêché l'équipe visiteuse de quitter le terrain. Une pluie de pierres s'est abattue sur le stade. Des groupes ont brûlé les pneus et les branches des platanes. L'unique route a été coupée à la circulation des véhicules, qui d'ailleurs étaient trop nombreux. La fumée qui se dégageait a transformé l'atmosphère. Les forces de sécurité composées des gendarmes et des éléments de la garde communale qui se trouvaient sur les lieux depuis le début de cette rencontre derby, à haut risque de surcroît, ont dû faire appel dans un premier temps au renfort, en raison du déferlement de cette volumineuse marée humaine. Les vitres du lycée de Sidi Amar, des lampadaires, les poteaux électriques et les mats sont devenus également les cibles de ces petits jeunes de Sidi Amar. Les compagnies de gendarmerie nationale de Hadjout, Tipaza et Cherchell ont dirigé leurs éléments vers Sidi Amar pour rétablir l'ordre. En dépit de cette présence des forces de sécurité, il aura fallu faire appel aux éléments du Groupement d'intervention rapide (GIR) de Zéralda, qui sont arrivés à Sidi Amar après 19 h pour mâter cette émeute. Certains éléments de la gendarmerie nationale ont été légèrement blessés, ainsi qu'un élément de la garde communale. Les responsables du groupement de la gendarmerie nationale de Tipaza se trouvaient sur les lieux, y compris le chef de daïra de Sidi Amar, tous tentaient de calmer les esprits de ces jeunes frustrés, manipulés selon certains de nos interlocuteurs. Les groupes de jeunes voulaient discuter avec le président de l'APC de Sidi Amar qui était absent. Impossible de joindre cet élu local. Les jeunes qui ont été interpellés par les forces de l'ordre ont été tous relâchés en raison de leur âge. Ils sont mineurs. Tous les citoyens que nous avons pu rencontrer sur les lieux ont tenu à dénoncer le comportement méprisant du maire à l'égard des administrés de Sidi Amar. Le résultat de la rencontre de football n'était en fait qu'un alibi pour ces jeunes, qui se sont exprimés à travers des actes violents. Les revendications s'articulent autour de la hausse des factures de l'eau, sachant que le barrage se trouve sur leur territoire, le chômage, l'absence des lieux de détente et de jeux et enfin le logement. « Nous avons été marginalisés, nous dira un jeune homme, d'autant plus que le maire ne s'est jamais occupé de nos préoccupations. Plus grave encore, il ne s'est jamais présenté avec l'unique équipe sportive de notre village », déclare-t-il. Le chef de la daïra de Sidi Amar qui a toujours soutenu les jeunes sportifs n'a pas voulu commenter les propos des jeunes. Néanmoins, il a tenu à nous apporter des précisions sur la disponibilité avant la fin du mois de juillet prochain d'une maison de jeunes, l'aménagement d'un hangar du souk el fellah en un centre d'apprentissage pour les jeunes, l'ouverture d'une agence de la BADR dans les locaux de l'ancienne poste. En ce qui concerne la facturation de la consommation de l'eau à Sidi Amar, elle vient d'être prise en charge par l'ADE depuis une année. Les habitants n'ont pas l'habitude de payer l'eau. « Ce n'est pas possible de consommer de l'eau sans payer la facture », nous dira le chef de daïra. L'équipe de football de Sidi Amar a été engagée cette saison après une absence de 8 ans, grâce à un investisseur, producteur de lait.