Selon Rekkad Kacem, secrétaire général du bureau de wilaya de l'Organisation nationale des victimes du terrorisme de Chlef, celle-ci ne conditionne pas son soutien au projet d'amnistie générale initié par le président de la République. Il considère que l'initiative du chef de l'Etat va permettre au pays de retrouver sa stabilité et une paix durable. Il demande seulement que les problèmes socioprofessionnels des victimes du terrorisme soient pris en charge dans le cadre de cette option. C'est ce qui a été aussi souligné dans les recommandations ayant sanctionné la rencontre nationale des bureaux de wilaya de l'organisation tenue les 4 et 5 mai à Skikda. Il insiste, entre autres, sur l'intégration dans le dispositif de soutien à l'emploi des veuves et orphelins, le relogement des familles démunies, le maintien des taux d'invalidité fixés par le service médical de la Cnas et les soins appropriés aux blessés et enfants traumatisés. Effectivement, les victimes avec lesquelles nous nous sommes entretenus ont l'impression d'être délaissées, voire oubliées par les pouvoirs publics. Le cas dramatique d'un garde communal de Talassa, au pied du tristement célèbre maquis d'Oued Romane, résume bien la détresse des personnes victimes de la barbarie terroriste. « J'ai perdu un œil et l'usage d'un bras suite à l'explosion d'une bombe déposée par un groupe armé sur un tronçon routier. Malgré une invalidité de 100 %, je ne perçois qu'une misérable pension », nous avait-il déclaré lors d'une rencontre au siège du bureau de wilaya de l'ONVTAD. Les veuves sont aussi de plus en plus nombreuses à investir les lieux publics en quête d'emplois ou d'aides sociales. Souvent, elles retournent bredouilles après avoir vainement frappé à toutes les portes. Les enfants touchés ne sont pas en reste puisqu'ils vivent eux aussi les conséquences désastreuses liées à la décennie noire. Une enquête lancée dernièrement par le ministère de la Santé dans des établissements scolaires avait révélé que 29 % des élèves examinés présentaient des traumatismes plus ou moins graves nécessitant une intervention rapide des unités de soins concernées. Il faut dire que la wilaya de Chlef figure parmi les régions les plus touchées par le terrorisme avec pas moins de 4200 victimes civiles, sans compter les milliers de veuves et d'orphelins recensés un peu partout. Au sujet de la représentation contestée des victimes par des opposants au niveau local et national, Rekkad Kacem affirme que la direction actuelle de l'organisation a reçu son agrément officiel en date du 5 juin 1999 sous le n° 17/99.