Après la rencontre tenue jeudi dernier à Chlef, les victimes du terrorisme regroupées au sein de l'Organisation nationale des victimes du terrorisme et des ayants droit (ONVTAD) ont rendu public un communiqué dans lequel elles se positionnent par rapport au projet d'amnistie générale annoncé dernièrement par le président de la République. Le regroupement a été présidé par le secrétaire général de l'organisation, Lakhdar Elfar, en présence des responsables du bureau de wilaya. « Nous soutenons toutes les initiatives de paix lancées par le chef de l'Etat, mais nous n'accepterons pas d'être une nouvelle fois marginalisées dans cette option », lit-on dans ce document. « Il n'est pas question désormais de cautionner des démarches allant dans ce sens sans des mesures concrètes devant nous rétablir dans nos droits », nous ont avoué des victimes de la wilaya. Qu'elles soient de Mossadek, Thalassa, Boukadir, Ouled Farès ou Beni Bouattab, celles-ci réclament à l'unanimité une meilleure prise en charge sociale et médicale eu égard à la précarité de leurs conditions de vie. « Ce sont, disent-elles, des revendications légitimes qui concernent une catégorie de la population qui a consenti beaucoup de sacrifices pour que l'Algérie reste debout. » La situation dramatique d'un garde communal invalide, vivant dans la localité de Thalassa et père de sept enfants, résume la détresse des milliers de veuves et d'orphelins de la décennie du terrorisme. « J'ai perdu un œil et l'usage de mon bras droit suite à l'explosion d'une bombe placée sur la chaussée par un groupe armé. Cela m'a valu un taux d'invalidité de 100% et deux ans d'hospitalisation dans des établissements spécialisés en Algérie et à l'étranger. Malgré ce handicap, je ne perçois qu'une misérable pension d'un million de centimes par mois (allocations familiales comprises) », lance-t-il les larmes aux yeux. Le cas de deux enfants ayant perdu la raison et livrés à eux-mêmes après l'assassinat de leurs pères respectifs par les hordes sauvages dans la même localité est une autre preuve de l'oubli et de l'abandon dont font l'objet les personnes touchées. L'ONVTAD a recensé pas moins de 4500 victimes du terrorisme dans la wilaya, dont la plupart vivent dans des conditions difficiles, indique le responsable du bureau de wilaya de l'organisation, Kassem Rekkad. Il s'agit en fait de l'une des régions les plus touchées par la barbarie terroriste. Cette région a besoin en conséquence de solutions urgentes pour remédier aux maux dont souffrent tous ceux et celles qui ont perdu un être cher ou plusieurs membres à la fois. Cela va du relèvement du taux d'invalidité et de pension à la mise en place de programmes d'insertion sociale, en passant par des soins appropriés et l'élaboration d'un statut particulier des victimes du terrorisme. Ce sont là les principales revendications de l'organisation transmises dernièrement aux autorités concernées.