Non » est la réponse, incessante, à la question : « Adhérez-vous au projet d'amnistie générale avancé par le président de la République ? » Qu'il s'agisse des familles de disparus ou de victimes du terrorisme, toutes rejettent l'idée. Gavée par des années de mutisme de la part des autorités, arrêtée lors de la manifestation du 1er novembre dernier, l'association SOS Familles de disparus, par la voix de sa présidente Fatima Yous, s'évertue à répondre par la négative à l'appel lancé par le président Bouteflika. « On ne peut pas adhérer au concept d'amnistie générale tant que nos enfants ne sont pas rentrés. Et la guerre n'est pas finie, il y a encore des victimes et des disparus », lance la présidente. Elle se répandra en invectives à l'endroit de ceux qui applaudissent tous les discours du chef d'Etat sans un regard pour les victimes. « Ils ont des intérêts à ces choses-là », explique Mme Yous. Fort de 10 000 familles concernées, l'association ne veut pas jouer au paratonnerre entre le Pouvoir et les familles. « Nous sommes là pour défendre leurs intérêts », ajoute la présidente. Avec une nuance mesurée, l'Association nationale des familles des disparus (ANFD) travestira la notion d'amnistie générale. « C'est une amnistie de l'oubli », qualifiera la présidente Lila Iril, pour ne pas dire une amnistie amnésique. « Nous n'avons eu de cesse à réclamer la paix et la réconciliation. Mais il ne peut y avoir de compromis pour ratifier l'idée d'amnistie générale. Nous devons, dans un premier temps, connaître le sort des disparus et voir la responsabilité des bourreaux affirmée », poursuit Mme Iril. L'association en charge de 7000 dossiers environ affirme que le règlement ne peut se faire sans l'implication juste et équitable de la justice. « Le président Abdelaziz Bouteflika a illustré le concept d'amnistie générale par l'exemple de l'Afrique du Sud. Il a certainement oublié que ce pays n'a eu recours à l'amnistie qu'après l'installation de commissions de vérité et de justice », renchérit la présidente. S'agissant de l'Organisation nationale des victimes du terrorisme et leurs ayants droit (ONVTAD), le président, M. El Far, ne désirera pas s'exprimer clairement sur le sujet. « Nous attendons la réunion du bureau national », déclarera-t-il, même si, en aparté, il reconnaîtra que le soutien de l'ONVTAD à M. Bouteflika lors de la dernière élection ne sous-entend pas que l'organisation adhère au projet d'amnistie.