Alors que l'on avançait avec certitude que les criquets sont en phase de retour vers les pays du Sahel, des informations parvenues au ministère de l'Agriculture, dimanche dernier, font état d'accouplements et ponte au niveau de plusieurs localités situées au sud des monts du Djebel Amour. Le constat a été fait par les membres d'une association de producteurs mobilisés depuis plus de cinquante jours pour surveiller plus de 1000 ha de pomme de terre irrigués par aspersion. Samedi dernier, alors qu'ils étaient mobilisés pour traiter un périmètre situé à proximité de Oued Morra, ils firent le constat de la présence, anormalement élevée, d'imagos ailés de pigmentation jaune (mâle). Il n'en fallait pas plus pour se rendre à l'évidence que la phase de reproduction est bel et bien enclenchée en territoire algérien. Le lendemain, alors que les organismes en charge du dossier déclaraient à partir de leurs bureaux que la situation était maîtrisée sur la base de données relatives aux surfaces traitées, plus de 500 ha cultivés étaient infestés par des populations grégaires prêtes à l'accouplement, notamment à Jdar, Aïn Osman et Oued Morra. Cela fait un mois qu'ils ne quittent plus les plantations. Depuis, nous sommes obligés d'alterner, et de nuit, irrigation et pulvérisation d'insecticides quand ils sont disponibles », déclare-t-on. Faute d'avoir ignoré les capacités de cet insecte destructeur réputé pour son aptitude à s'adapter à l'environnement, on devra s'attendre à ce que l'invasion attendue pour le début de l'automne en provenance du Sahel se fasse à partir de l'Atlas. En effet, la stratégie mise en œuvre consistait à empêcher le retour massif des criquets pèlerins vers le Sahel par l'élimination des ailés roses et la prévention de formation d'essaims en nuages cumuliformes (mode de déplacement des locustes). Cela a eu pour effet de drainer des nuées de criquets mâtures vers les zones humides là où les conditions sont propices à l'accouplement. En effet, en plus d'infestations au niveau des cours des oueds, des essaims importants ont été localisés en zones présahariennes à proximité d'El Ghicha et des zones forestières où les criquets affamés se sont rabattus sur les chênes. Alors que l'on ignore pour l'instant l'étendue du phénomène, d'importants moyens ont été mobilisés depuis mercredi dernier, quoique tardivement, pour éliminer le maximum d'imagos ailés avant qu'ils ne s'accouplent à Hadj Mechri, le long de Oued Touil, Oued Sebgag, Hassi R'mel et Aïn Mansour. Il faudra par la suite localiser l'ensemble des sites susceptibles d'avoir servi comme aires de ponte, notamment ceux situés en milieu inaccessible (maquis d'El Gaâda). S'agissant des terrains agricoles, les labours requis ne sont pas tout à fait désignés dans la mesure où, pour la plupart des producteurs, la récolte est prévue pour la fin août. Le recours à ce procédé représenterait pour la seule région d'Aflou une perte de l'ordre de 100 milliards de centimes (1000 ha). Dans l'espoir que les éclosions de larves n'auront pas lieu dans les deux semaines qui suivent à défaut de pouvoir utiliser les insecticides puissants (ULV) inappropriés pour les cultures, on se rabat sur la prolongation de l'irrigation par aspersion qui passe de six à huit heures, histoire de noyer les poches d'œufs.