Bien que la population des ailés ait migré en masse au Sahel, son retour vers le Nord est toutefois acquis. Le criquet s'en va, mais il a «réservé» son retour pour l'automne. L'Algérie, à l'opposé des pays du Sahel, dont certains semblent «capituler» face à l'ampleur de l'invasion acridienne, poursuit une lutte implacable contre les criquets pèlerins, depuis l'apparition des premiers essaims sur le territoire, en septembre 2003. Après les craintes d'une invasion totale de l'ensemble des régions du pays, exprimées, à maintes fois, par les pouvoirs publics durant les premiers mois de l'année, la situation actuelle, bien que provisoire, semble plutôt calme. Le traitement des zones infestées se poursuit assidûment et a permis, jusqu'à vendredi soir, d'assainir près de 2,6 millions d'hectares, selon les chiffres de M.Sid Ali Moumen, chargé de la lutte acridienne au ministère de l'Agriculture. Les régions de l'Est étant pratiquement «nettoyées», les principaux efforts sont orientés, actuellement, sur le Sud-Ouest, précisément au niveau de l'axe Naâma, El Bayadh, Laghouat et Djelfa, fief du fléau il y a tout juste quelques jours. Car, en effet, les quatre wilayas représentent, à elles seules, plus de 1,4 million d'hectares, d'où, au demeurant, la concentration du dispositif de lutte et de prévention. D'autres wilaya vivent, elles aussi, pratiquement la même situation, dont Tiaret, M'sila, Bel Abbès. Sauf que dans ce cas de figure, la population des ailés, dans ces contrées, a beaucoup diminué grâce à l'efficacité du traitement. Ainsi, à la lumière des constats et des CRQ (Compters endus quotidiens) de la tutelle, l'évolution des criquets paraît nettement à la baisse. «Nos services traitent quotidiennement 24 ha, alors qu'ils faisaient le double, il y a quelques jours seulement», analyse M.Moumen, étayant, de ce fait, la tendance générale. Toutefois, si la situation acridienne, dans notre pays, n'appelle pas à l'alarmisme, il n'en demeure pas moins que le danger se dirige, avec la vitesse de l'éclair, vers les pays du Sahel: Niger, Mali, Mauritanie, Sénégal. Ces deux derniers, justement, vivent une situation critique en raison de l'invasion quasi générale. Le président sénégalais, M.Wade, a fait appel à l'armée pour lutter contre ce fléau, mais surtout pour écarter le spectre de la famine, tant les récoltes agricoles sont massivement envahies. La Mauritanie a, quant à elle, appelé à l'aide internationale. Bref, le retour «en masse» des criquets vers ces pays a fait l'effet d'une bombe, encouragé par les conditions climatiques favorables. Les pluies des moussons qui touchent chaque été le Sahel, le taux élevé de l'humidité, l'abondance de la végétation...sont autant de facteurs dont le criquet a besoin et pour son développement et pour sa reproduction. Les responsables du ministère de l'Agriculture, pleinement impliqués dans l'opération antiacridienne, n'entendent pas rester les bras croisés face à cet état de fait. Pour réduire, au maximum, le retour de la population acridienne vers le Sud, le dispositif de lutte a accru la pression en essayant de désorganiser l'itinéraire des ailés qui, ainsi bousculés, connaîtront de «grandes» perturbations affectant principalement leur reproduction ainsi que leur développement. Chose qui, en définitive, paralysera leur mouvement et mettra ces derniers dans une situation vulnérable. En clair, le plus «gros» de la concentration acridienne concerne, en ce moment, les pays du Sahel dont les ministres de l'Agriculture se réuniront mardi à Alger pour étudier la possibilité d'une stratégie de lutte commune. L'occasion sera favorable également pour lancer des SOS à la communauté internationale, car ces pays sont dépourvus de moyens et de ressources financières. Reste, enfin, l'appel à la vigilance, lancé, récemment, par le ministre de l'Agriculture, Saïd Barkat, quant à la poursuite de la lutte qu'il faut prendre en compte, car si la population des ailés «migre», le temps de l'été, en masse, vers le Sahel, le retour de ces derniers vers les pays du nord du continent, dont l'Algérie, est sérieusement envisagé. Alors, restons vigilants!