La direction palestinienne a annoncé des poursuites contre ceux qui se sont appropriés illégalement des biens et insisté sur le respect du droit, dans un communiqué publié hier à l'issue d'une réunion à Ramallah (Cisjordanie) présidée par Yasser Arafat. La direction élargie qui regroupe les chefs des principales factions de l'Organisation de libération de la Palestine et constitue la plus haute instance palestinienne a affirmé par ailleurs « la poursuite des réformes et son intention de mettre en échec toute tentative de susciter des luttes intestines ». « Ceux qui ont porté atteinte aux intérêts du peuple palestinien, dans quelque domaine que ce soit, et tenté de l'empêcher de vaquer normalement à ses occupations et d'exercer ses responsabilités seront poursuivis et déférés devant les tribunaux pour y être jugés et punis », a souligné la direction. « L'ordre et la paix sociale doivent régner », a-t-elle poursuivi, ajoutant « être pleinement consciente de la tension et du malaise de la rue palestinienne face à la poursuite de l'encerclement des territoires par les forces d'occupation » israéliennes. La direction a affirmé sa détermination « à faire face aux tentatives de susciter des clivages et une scission dans les rangs palestiniens dans le but de retirer à l'Autorité élue le droit d'assumer ses responsabilités ». Dans cette atmosphère tendue, une manifestation a été organisée jeudi à Ghaza dans le cadre de la poursuite de la pression de la rue sur le président palestinien pour le pousser à lutter sérieusement contre la corruption. Près de 20 000 personnes, dont des centaines d'hommes armés et cagoulés, ont participé à une marche organisée par les Brigades des martyrs d'Al Aqsa, la branche armée du Fatah, et la jeunesse fathaouie. La rumeur a circulé à Ghaza que cette manifestation sera le détonateur d'une implosion, à cause du risque d'accrochage armé entre les hommes des Brigades des martyrs d'Al Aqsa et ceux du général Moussa Arafat, nommé par le président palestinien à la tête du service de sécurité générale à Ghaza, lequel est qualifié de symbole de la corruption par les brigades. Les manifestants qui criaient leur soutien à Arafat en tant que président légitime, élu démocratiquement et symbole de la lutte palestinienne pour l'indépendance, lui demandaient par ailleurs de limoger le général Moussa dans le cadre d'une lutte plus large contre la corruption qui sévit, selon eux, au sein des services de sécurité palestiniens. Les manifestants ont suivi un parcours qui a évité le contact direct avec les centres sécuritaires pour se disperser dans le calme. Le Conseil législatif palestinien a, de son côté, recommandé au président Arafat d'accepter la démission présentée par le Premier ministre Ahmad Qorei. Dans un rapport rédigé par un comité représentatif du Parlement palestinien, les députés critiquent le gouvernement en place qui a failli, selon eux, dans le domaine sécuritaire. Le président Yasser Arafat, qui refuse toujours la démission de son Premier ministre, présentée au lendemain d'une série d'enlèvements dans la bande de Ghaza,la semaine dernière, a accepté par ailleurs de le doter des pleins pouvoirs dans le domaine sécuritaire. Le secrétaire d'Etat américain Colin Powell et le Haut représentant pour la politique étrangère de l'Union européenne Javier Solana l'avaient, de leur côté, pressé à donner plus de pouvoirs à son Premier ministre. M. Solana a estimé que le président Yasser Arafat devrait concéder plus de pouvoirs à son Premier ministre Ahmad Qorei, laissant entendre que l'UE pourrait reconsidérer ses relations avec M. Arafat si M. Qorei devait perdre ses fonctions. « J'espère que le chaos et l'anarchie vont interpeller les gens et le peuple palestinien, qui s'est dressé pour dire ce qu'il pensait », a-t-il ajouté. La tentative d'assassinat de Nabil Amr, un membre du Conseil législatif palestinien et ancien ministre au sein du gouvernement de Mahmoud Abbas (alias Abou Mazen), dans son domicile à Ramallah, a été un incident de taille qui reflète le manque de sécurité qui règne dans les territoires palestiniens. Evacué à Amman, en Jordanie, pour une blessure à la jambe droite, ses jours ne sont pas en danger. Pour beaucoup d'observateurs, le président palestinien est le seul qui a le pouvoir de faire éviter aux Palestiniens une lutte fratricide. Une guerre civile dans les territoires palestiniens, souhaitée et peut-être manigancée par Israël, effacera la victoire acquise auprès de la communauté internationale après le vote massif de l'Assemblée générale de l'ONU en faveur de l'application de l'avis de la Cour internationale de justice (CIJ) de La Haye qui exige d'Israël le démantèlement du mur de séparation édifié sur les terres palestiniennes de Cisjordanie. Selon un scénario qui a déjà réussi à la machine de guerre israélienne, des hélicoptères d'assaut de type Apache ont attaqué et détruit, jeudi, un véhicule dans lequel se trouvaient, l'un des chefs des Saraya Al Qods, la branche armée du Djihad islamique, en compagnie d'un autre membre de ce mouvement. Il en a résulté la mort des deux hommes. L'attaque a eu lieu dans le quartier populaire Ezeytoune, où plusieurs membres de différents mouvements palestiniens ont été liquidés de la même manière. Par la voix de Khaled Elbatche, l'un des responsables du Djihad islamique, le mouvement radical palestinien a promis de venger ses morts. En cette période, où la scène palestinienne vit l'une de ses crises les plus graves depuis l'instauration de l'Autorité nationale palestinienne, cette nouvelle agression est venue rappeler à tous que le véritable ennemi a pour nom Israël. Ghaza : De notre correspondant