Un nouveau courant de pensée se fait jour en ce qui concerne l'approche historique du fait colonial. Il ne s'agit plus d'une tentative révisionniste marginale, mais d'un effort conjugué pour réhabiliter l'occupation coloniale comme une œuvre civilisatrice. La loi française du 23 février 2005 par certains côtés pernicieux légalise cette nouvelle grille de lecture du processus colonial français en Algérie notamment. Certains historiens français font tomber le masque de l'inhibition pour proposer un nouvel enseignement de l'histoire travesti selon le point de vue des nouveaux idéologues des systèmes coloniaux. Aujourd'hui, les brèches sont suffisantes pour permettre à certaines associations de considérer le massacre de 45 000 Algériens le 8 mai 1945 comme une « simple opération de maintien de l'ordre contre des menées antifrançaises ». Ce mouvement qui agite des milieux politiques et universitaires n'est pas isolé. On a vu récemment les réactions légitimes des Chinois face à l'apologie des crimes subis durant la Seconde Guerre mondiale du fait colonial japonais. Ainsi, il est fait de l'enseignement de l'histoire un espace de lutte idéologique et de polémique d'une dangerosité exceptionnelle. Cette tendance qui ne semble pas trouver un contre-courant offensif parmi l'intelligentsia occidentale contribue davantage aux malentendus en réactivant des réflexes de méfiance. L'histoire étant une discipline scientifique, elle ne doit pas être sous contrôle des politiciens idéologues d'un passé qu'on pense révolu.