L'assaut, lancé récemment par les attributaires de logements dits (LSP) inachevés de Tixeraine, est en passe de faire tache d'huile dans les esprits. A la seule différence qu'il s'agît cette fois d'indus occupants, qui ont tenté, en début d'après-midi du mardi 10 mai, de prendre par la force des logements achevés à Aïn Nâadja, situés à proximité de la cité Cnep et de la cité des fonctionnaires de la wilaya d'Alger. A notre arrivée, des véhicules de patrouilles de police et du Darak el watani, avaient déjà pris possession de l'immeuble n° 22. D'après des témoins oculaires rencontrés sur le lieu du squat, l'offensive, emmenée par des famille originaires pour la plupart des mégabidonvilles disséminés au lieudit Semmar, a commencé vers 14h et avait pour cible un immeuble, choisi au niveau d'un îlot d'habitation flambant neuf réceptionné récemment par le maître d'ouvrage. D'aucuns affirment que les logements convoités sont la propriété de l'opgi d'Hussein Dey. L'intervention, quoique musclée des gardiens de l'immeuble, s'est avérée bien mince en comparaison des forces en présence : « Les gardiens, qui se sont interposés, ont été neutralisés mais l'un d'eux a réussi toutefois à s‘échapper pour alerter les agents de l'ordre public », a déclaré un riverain. Les assaillants étaient en train de s'organiser dans un brouhaha indescriptible à l'intérieur de la cage d'escalier, bien à l'abri derrière un portail métallique à deux battants. Pendant ce temps, les femmes se sont barricadées dans les appartements et menaçaient de recourir au pire. L'irréparable était à craindre, n'était l'intervention des forces combinées des corps de sécurité de la Sûreté nationale et de la Gendarmerie nationale, accourus sur les lieux du squat. « Sommés par les gardiens de la paix de faire preuve de sagesse, l'un des assaillants, sans doute le plus jeune, a tenté d'agresser un haut fonctionnaire de police, avant d'être maîtrisé et emmené au poste de police », ajoute notre observateur, debout au milieu d'une foule dense de curieux. Il y avait du beau monde rassemblé pour une fois au bas de l'immeuble n° 22. A noter la présence du wali délégué d'Hussein Dey et du personnel communal. Ce n'est qu'à 19h et après d'âpres négociations que le premier contingent de femmes consent enfin à quitter les biens mal acquis. Certaines d'entre elles brandissaient des piles de documents jaunis par le temps. Des dossiers de promesses de logements jamais tenues. L'hystérie était à son paroxysme. « Aâchna fel kazdir, enmoutou fel kazdir », (nous avons vécu dans les bidonvilles et nous mourrons dans les bidonvilles), vociféraient ces malheureuses. Les agents de l'ordre public avaient fort à faire pour calmer des esprits surchauffés. En définitif, la tentative de squat a été avortée sans casse, au grand soulagement des riverains, qui craignaient des excès de débordements.