L'éventualité de la signature, à terme, d'un accord de sécurité entre, d'une part, l'Algérie, le Maroc, la Tunisie, la Mauritanie, l'Egypte et la Jordanie, et d'autre part, l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN) se précise. Un projet d'accord qui a fait l'objet d'intenses discussions lors de la deuxième réunion ayant regroupé, la semaine dernière, les chefs d'état-major de l'OTAN avec ceux des sept pays du Dialogue méditerranéen (DM), au quartier général de l'Organisation transatlantique, basé à Bruxelles. L'annonce concernant l'existence de telles discussions a été faite, jeudi, par le général Harald Kujat, président du comité militaire de l'Organisation du traité de l'Atlantique. Pour le moment, aucun détail concernant les aspects devant être pris en charge par ce projet d'accord de sécurité n'a filtré. Il y a, toutefois, lieu de s'attendre à ce que la coopération sécuritaire visée par l'OTAN et ses partenaires du DM soit étendue. Car, généralement, ce type d'accord n'est signé que lorsqu'un pays souhaite coopérer pleinement avec l'Alliance. L'hypothèse est confortée également par le fait que les discussions menées par les deux parties sont assorties d'une ébauche de définition se rapportant à la manière avec laquelle les pays du DM intégreront le système de l'OTAN. L'Algérie, qui a participé à cette réunion du comité militaire de l'OTAN avec une délégation conduite par le chef d'état-major de l'ANP, le général major Ahmed Gaïd Salah, a longtemps souhaité la conclusion d'un accord de cette nature avec l'Alliance transatlantique, dont seul Israël bénéficie actuellement. L'Etat hébreu est, en effet, le premier des sept participants au Dialogue méditerranéen à avoir conclu un accord de sécurité avec l'organisation. La signature a eu lieu le 24 avril 2001 au siège de l'OTAN. Le « pacte » liant l'OTAN et Israël constitue le cadre dans lequel s'inscrit la protection, entre autres, des informations classifiées.L'amorce de discussions entre l'OTAN et les pays du DM portant sur la ratification d'un accord de sécurité confirme les prévisions du sommet d'Istanbul de l'OTAN, tenu en juillet 2004, qui a souligné la nécessité de faire évoluer le dialogue en partenariat, dès lors que se sont tissés des rapports de confiance avec les pays qui en sont membres. Elle répond, par ailleurs, à une demande des pays de voir le cadre du DM, limité jusque-là aux consultations politiques, doté d'une dimension pratique. L'Algérie fait partie des pays ayant soutenu cette demande. Les autorités politiques du pays comptent beaucoup, en effet, sur le savoir-faire de l'OTAN pour professionnaliser l'Armée nationale populaire (ANP), actuellement en pleine phase de modernisation. Le chef de l'Etat a eu, d'ailleurs, à réitérer le souhait de voir s'instaurer une coopération entre l'Algérie et l'OTAN au cours des voyages qu'il a effectués au QG de l'Alliance. Le Président Bouteflika avait souligné, en outre, le choix de l'Algérie à réaliser les réformes adéquates et à consentir les efforts financiers nécessaires pour mettre aux normes l'ANP et satisfaire aux impératifs liés à l'interopérabilité. L'évocation d'un possible accord de sécurité entre l'Algérie et l'OTAN ne veut pas dire, néanmoins, que les deux parties n'ont pas eu à coopérer ensemble par le passé. Cela ne signifie pas non plus que les pays du DM seront les seuls à en tirer profit. Bien au contraire, l'Algérie est devenue ces dernières années un partenaire précieux pour l'OTAN dans la lutte contre le terrorisme. L'expérience acquise par l'ANP en la matière fait que ses experts sont prisés par l'Alliance. Elle a aussi été déterminante pour endiguer le phénomène. Le projet de l'OTAN d'associer bientôt des unités de l'ANP à l'opération de contrôle et de surveillance de la navigation en Méditerranée contre d'éventuelles actions terroristes (Active Endeavour) prouve que l'ANP est une armée en laquelle l'Alliance a confiance. C'est, d'ailleurs, cette même confiance qui a amené aussi, la semaine dernière, Washington à ouvrir officiellement à une importante délégation de l'ANP, conduite par le général major Ahmed Sanhadji, les portes du Pentagone.