L'agence postale du chef-lieu de la commune d'Aït Oumalou, à 5 km de Larbaâ Nath Irathen, a fait l'objet hier vers 9h d'un hold-up commis par deux individus armés qui se sont emparés de 172 millions de centimes. Les deux assaillants se sont présentés à une fenêtre de l'agence, qui sert de guichet, en se faisant passer pour des policiers. Le chef d'agence que nous avons trouvé sur place, encore sous le choc, raconte que l'un des deux hommes, habillé d'un K-way bleu, s'est approché du guichet en montrant une carte de police pour lui demander d'ouvrir la porte. Rassuré en voyant la carte professionnelle, il ouvre la porte et se retrouve nez à nez avec un PA de type Beretta. Les deux assaillants arrachent les fils du téléphone et subtilisent tous les portables des personnes se trouvant à l'intérieur. Une fois leur forfait accompli, ils quittent l'agence et trouvent sur leur passage un automobiliste, qu'ils forcent à les conduire vers la RN 12, située 4 km plus bas. L'automobiliste, un clandestin, refuse en disant qu'il doit monter à Larbaâ Nath Irathen. Au niveau du l'intersection de la route d'Aït Oumalou avec la route qui relie Larbaâ à Taboukert, l'automobiliste saute de sa voiture et prend ses jambes à son cou. C'est lui, nous a-t-on dit, qui alertera les services de sécurité, qui une fois sur les lieux tenteront de suivre les traces des assaillants, qui ont abandonné la voiture et traversé le village d'Abouda. Selon la police judiciaire de Tizi Ouzou, c'est un acte à mettre à l'actif du grand banditisme. A en croire le commissaire de la PJ, c'est le même groupe qui a déjà attaqué une station-service. Le 12 mars dernier, l'agence BDL de Aïn El Hammam a fait l'objet d'une attaque à l'explosif, à 2h, par un groupe terroriste qui avait encerclé la ville. Ce jour-là, selon diverses sources, le groupe voulait attirer les éléments de la sûreté de daïra ou le bataillon de l'ANP installé à quelques kilomètres de la ville de Aïn El Hammam dans un guet-apens. L'attaque de la poste d'Aït Oumalou repose une fois de plus la problématique de l'insécurité en Kabylie. Aït Oumalou, une commune dépendant de la daïra de Tizi Rached, située à près de 15 km, ne possède aucune structure de sécurité. Et même dans les localités où il y a une sûreté urbaine, une brigade de gendarmerie ou la garde communale, des attaques contre les établissements financiers ou les transports de fonds n'ont pu être évité. La jonction entre les groupes terroristes encore actifs dans la wilaya de Tizi Ouzou et des bandes spécialisées dans le grand banditisme et le trafic en tout genre ne fait plus de doute. Certaines voix expliquent cette situation par le départ des gendarmes en 2002, mais ce n'est pas la seule explication. C'est un ensemble de causes, liées d'abord à la crise vécue dans la région après avril 2001. Quelques petits groupes mobiles de terroristes sont encore actifs principalement au sud de la wilaya et dans les autres localités, l'absence de l'Etat depuis 2001 et les effets pervers de la crise ont favorisé une délinquance qui au fil du temps a pris de l'ampleur pour se muer en grand banditisme. L'insécurité en Kabylie est réelle, mais elle ne suscite pas encore de réaction musclée des pouvoirs publics. En dehors de quelques réseaux de malfaiteurs ou de faux terroristes qu'arrive à démanteler la police, dans les localités où elle est présente, rien ne se fait vraiment. De nombreuses régions, communes ou daïras sont dépourvues de services de sécurité.