Le dossier de la gestion de la coopérative de consommation des travailleurs du complexe GL2/Z de Sonatrach est loin d'être clos.Ce qui n'a été, depuis longtemps, que rumeurs et supputations est en passe de devenir une sérieuse affaire de « mauvaise gestion » qui risque de déborder, dans les prochains jours, le cadre interne. Et pour cause ! L'expert comptable, sollicité pour effectuer un audit sur la gestion des six dernières années, a remis son rapport aux membres du nouveau conseil d'administration de la coopérative. Ce rapport portant sur les exercices allant de 1997 au 1er semestre 2004, dont une copie a été remise à notre rédaction, a été diffusé par voie de messagerie interne, à l'intention de tous les travailleurs, le 21 mars 2004. Des manquements graves D'entrée de matière, l'expert souligne que « la comptabilité de la coopérative de consommation n'est pas tenue, conformément aux règles et principes régissant le fonctionnement de la comptabilité telle que préconisée par le PCN (Plan comptable national) », avant d'ajouter, juste après que « les opérations financières sont enregistrées sur une base extra comptable. » Il énumère ensuite une série de manquements et de violations aux règles comptables les plus élémentaires qui laisse supposer que cette gestion en dehors de tout contrôle fonctionne au gré de l'humeur et sert des intérêts personnels inavoués. Le rapport relève, entre autres anomalies, « des remboursements de trop perçus au profit du personnel du complexe, s'effectuant en espèces et sur simple présentation de fiches de paie », « d'importants mouvements d'espèces avec des périodicités de versement au compte bancaire allongées », « l'absence d'enregistrement des sommes versées par les bénéficiaires dans le brouillard de caisse », « des états d'inventaires des exercices 2000 à 2003 validés par personne », « l'absence d'un nombre important de factures ainsi que des bons de livraison et de commande », « des paiements à tort effectués au profit des fournisseurs », « les ventes effectuées au profit du personnel ne sont pas suivies sur une base de facturation ou par un quelconque procédé qui permet la matérialisation de l'acte de vente. »... Cette coopérative n'est pas un simple petit magasin d'alimentation générale, mais une affaire qui brasse des milliards de centimes. Le chiffre d'affaire cumulé durant ces années serait, selon ce rapport, de près de 18 milliards de centimes. Un manque à gagner énorme Le manque à gagner induit par cette gestion est par conséquent énorme. L'écart entre le résultat théorique calculé par l'expert et celui porté sur le bilan établi par les gestionnaires de la coopérative est, selon ce rapport, de plus de 400 millions de centimes. Plus grave encore est la situation du recouvrement des créances. Le rapport relève que « les soldes clients enregistrés sur les livres de la coopérative et détenus sur le personnel du complexe, datant de l'exercice 1997, demeurent débiteurs, à fin 2003, pour un montant avoisinant les 10 millions de DA, soit un milliard de centimes. » Le rapport ajoute que « la vérification des états clients fait ressortir un ensemble d'articles vendus non justifiés par des engagements (contrats) des bénéficiaires de plus de 100 millions de cts. » Ce manque à gagner a été imputé par les gestionnaires de la coopérative à la faiblesse ou à l'absence de la marge bénéficiaire, à des créances détenus auprès des salariés et enfin à des dons octroyés aux travailleurs. Par contre, aux yeux de certains travailleurs, « même si l'on considère que la marge est nulle, ce manque à gagner demeure, malgré toutes les justifications qu'on peut apporter, énorme et l'attribution de ces dons n'est pas », selon le rapport, « justifiée pour la plupart, ni par un PV ni par une justification de réception (émargements des bénéficiaires). » Il est toutefois à préciser que la direction du complexe n'a rien à voir avec la gestion directe de la coopérative qui a été confiée, en 1996, aux travailleurs qui, à leur tour, ont choisi, par voie d'élection libre et ouverte à tous, un conseil d'administration à qui revient la gestion de cette coopérative. Le sort du rapport d'audit dépend maintenant de l'usage qu'en fera l'actuel conseil d'administration, élu en juillet 2004 et qui a commandé cet audit.