Après une étude approfondie et globale menée sur la base d'éléments fiables, les spécialistes du bassin hydrographique du Cheliff Zahrez sont parvenus à la conclusion que l'eau est mal gérée et subit un gaspillage énorme. Cela est valable aussi bien pour l'eau potable que pour celle destinée à l'irrigation et à l'industrie. Ils estiment que la situation résulte en grande partie de l'absence de planification et de gestion durable de la ressource, de même que de l'inexistence des réflexes de l'économie de l'eau chez tous les utilisateurs. Pour ce qui est de l'eau à usage domestique, le constat reproduit une série de facteurs négatifs, parmi lesquels la non-maîtrise de la gestion du réseau de distribution, sa vétusté avancée, la facturation au forfait, les forages et branchements illicites et les importantes fuites d'eau (plus de 50% dans certaines communes). Le même tableau noir a été dressé concernant l'eau agricole, après la tournée effectuée en octobre dernier au niveau des exploitations agricoles des wilayas de Chlef, Aïn Defla et Relizane. Il en ressort que les nouvelles techniques et méthodes d'irrigation telles que le goutte-à-goutte, demeurent inefficaces et ne contribuent en rien à l'économie de l'eau. La sensibilisation et la formation des « irrigants », quant à l'utilisation à bon escient de ces systèmes, ont été totalement négligées, voire délaissées. « Le soutien à l'investissement agricole dans le cadre du FNRDA n'a pas été souvent accompagné des mesures nécessaires en matière de vulgarisation des techniques modernes d'irrigation et d'amélioration de la production », indique-t-on. A cela s'ajoutent les forages illicites et désordonnés qui ont transformé la plaine en un véritable « gruyère ». Quoi qu'il en soit, l'état des lieux n'est guère reluisant et nécessite une prise de conscience et une mobilisation générale. Des Allemands appelés à la rescousse Le cas dramatique des deux barrages de la wilaya est là pour prouver les graves menaces de sécheresse qui pèsent sur la région. En effet, l'ouvrage de Oued Fodda est presque à sec puisqu'il ne totalise que 5 millions de m3, alors que celui de Sidi Yacoub ne dépasse guère les 70 millions, au lieu d'un volume global de stockage de 285 millions. Cela est dû aux faibles apports enregistrés sur les bassins versants, affirment les responsables des services concernés. Pour bien situer l'importance du travail réalisé par les spécialistes de l'ABH du Cheliff Zahrez, il faut savoir que ledit bassin a été créé en 1996, avec quatre autres au niveau national, dans le cadre de la réforme de la politique nationale de l'eau initiée par le ministère des Ressources en eau. Il dispose de deux organes importants, en l'occurrence l'agence qui est chargée de la mise en œuvre de la gestion intégrée des ressources et le comité du bassin dont la mission essentielle consiste à assurer la coordination et la concertation entre toutes les parties concernées aux niveaux local, régional et national. Il a son siège à Chlef et regroupe pas moins de 13 wilayas du Centre-Ouest et du Sud du pays. Les données sont collectées auprès de 645 partenaires de l'agence avant d'être traitées par les ingénieurs en place et transmises au ministère des Ressources en eau par le biais d'un réseau informatique. En clair, le bassin hydrographique fait partie des instruments essentiels de la nouvelle approche de gestion intégrée de l'eau. Son directeur général, Mohamed Deramchi, en est conscient et affirme que le travail est effectué en grande partie par des cadres algériens avec, parfois, l'assistance technique étrangère. On apprendra à cet effet que le plan directeur d'aménagement des ressources en eau de la région hydrographique sera réalisé à partir de cette année avec l'appui d'experts allemands.