Réunis hier à Chlef, au cours d'une journée d'information sur la consommation de l'eau par le secteur agricole, utilisateurs et gestionnaires du précieux liquide ont tiré la sonnette d'alarme sur la situation peu reluisante des ressources hydrauliques dans le bassin hydrographique Cheliff-Zahrez qui regroupe 13 wilayas du centre, de l'ouest et du sud du pays. Le directeur général de l'agence, Mohamed Deramchi, n'exclut pas une catastrophe dans cinq ans si aucune action n'est engagée dans l'immédiat pour préserver les ressources existantes à travers une mobilisation générale et une stratégie efficace en matière d'économie de l'eau. « Nos réflexes et notre attitude vis-à-vis de l'eau doivent changer radicalement », a-t-il dit. Le constat est donc alarmant : pour un total de 5 millions d'habitants que compte la région du bassin hydrographique Cheliff-Zahrez, on ne dispose que de 860 hm3/an. Les besoins sont en constante progression et devraient atteindre l'année prochaine 919 hm3. De même, les 13 barrages en exploitation n'emmagasinent, selon les estimations officielles, que 49% des apports. Le reste, ou du moins une partie, se déverse directement dans la mer. « Quel que soit le surplus enregistré, la situation restera toujours déficitaire compte tenu des faibles apports pluviométriques et de la croissance de la population », a indiqué l'auteur de l'exposé sur l'état des ressources et des besoins en eau dans le bassin. La situation est beaucoup plus inquiétante dans le secteur agricole, considéré comme le plus gros utilisateur des ressources en eau. Après une tournée effectuée en octobre dernier dans les exploitations agricoles des wilayas de Chlef, Relizane et Aïn Defla, les cadres de l'agence du bassin ont constaté que l'économie de l'eau est loin d'être une préoccupation et un réflexe quotidien chez les fellahs. Le système du goutte-à-goutte, par exemple, est relégué à la troisième position des méthodes utilisées en matière d'irrigation. En outre, on a toléré la réalisation de forages individuels à l'intérieur même du périmètre irrigué ainsi qu'une plantation à outrance d'arbres fruitiers, sans tenir compte des faibles capacités d'irrigation, comme l'a souligné le nouveau directeur des services agricoles.Un intervenant a expliqué le gaspillage et la surexploitation des eaux souterraines par le prix dérisoire du mètre cube de l'eau (1,15 DA !).