Chargé de redorer son blason à l'antenne locale de l'Agence nationale de soutien à l'emploi de jeunes, une image ternie par le clientélisme et la bureaucratie, M. Belkhadoudja a opté pour la transparence afin de reconquérir les jeunes. Depuis son installation fin décembre dernier, ce manager adepte de la méthode anglo-saxonne, puisqu'il vient directement de compagnies étrangères telles que BP, Halliburton ou Anadarko, veut opérer une coupure. Un local en plein centre-ville, communicatif et bien agencé. Rien à voir avec l'ancien siège exigu de Mekhadma. Les insuffisances se sont plus fortement manifestées après la mise en place du nouveau dispositif plafonnant le financement des projets à 10 millions de dinars. Les chiffres sont évocateurs, plus de 70% des dossiers déposés depuis la création de l'agence en 1997 l'ont été durant l'année 2004. Une infime partie a été traitée, puisque le délai de traitement des dossiers était alors de 3 à 8 mois. « Les gens étaient dépassés », dira l'actuel directeur qui ne cache pas que l'état des lieux n'était guère reluisant à son arrivée. « L'organisation de travail laissait à désirer et les dépassements étaient inévitables. » Et il fallait gérer le changement à Ouargla qui se relevait à peine des émeutes de contestation qui montraient du doigt les instances chargées de l'emploi. Malgré la saturation des créneaux les plus demandés, les autorités avaient cédé à la pression. Ainsi selon des chiffres rendus publics dernièrement, les exclusivités accordées à la wilaya pour atténuer la colère au lendemain des émeutes furent très importantes, à savoir 70 lignes de transport de voyageurs, 50 de location de véhicules, 60 autres pour le transport de marchandises et enfin 50 pour la location d'engins. Des activités gelées depuis 2003 au niveau national pour saturation du marché et exceptionnellement rouvert pour des demandeurs qui ne voulaient s'investir que dans ces domaines et dont les dossiers ont été finalisés par l'Ansej mais sans accord bancaire pour le moment, vu les impayés cumulés par celle-ci dans ces créneaux. Et c'est pour cette raison que la priorité est donnée à l'orientation et à l'accompagnement. Le jeune arrive devant un bureau d'accueil qui l'oriente, tout le monde passe par le même circuit à travers des guichets ouverts sur la salle d'attente, et tous les services sont informatisés. L'organisation semble satisfaire tout le monde y compris les jeunes. C'est une autre approche concernant l'orientation et le suivi qui est instaurée. Les rendez-vous sont précis, le jeune ne vient plus pour rien, dira un chargé d'études. « Le traitement du dossier dure 15 jours, il n'y a plus d'intermédiaires, et il n'est accepté que s'il est déposé par l'intéressé. » Une série de procédures ont été mises en place pour faciliter la prise en charge des dossiers et réduire leur durée de traitement auprès des différents partenaires tels que la Casnos, la Cnas où les dépôt et retrait de dossiers se font chaque mercredi. Il y a aussi des indications concernant les impôts, le registre du commerce et les directions de wilaya. Deux chargés d'étude sont, par ailleurs, exclusivement affectés à l'accompagnement et à la formation continue des jeunes promoteurs, selon leurs besoins réels. Une annexe sera ouverte début juin à Touggourt pour couvrir cette région et faciliter les choses aux jeunes. L'Ansej va également vers les jeunes universitaires ou ceux en cours de formation professionnelle pour les inciter à entreprendre des projets. « Nous avons deux catégories de jeunes celle qui veut ramasser de l'argent et s'orienter vers les activités traditionnelles de transport frigorifique, de voyageurs, de marchandises et de location d'engins. La seconde catégorie concerne ceux qui veulent créer un projet et innover, ils sont très peu nombreux mais ça viendra. » C'est ainsi que deux jeunes universitaires viennent de déposer des demandes de financement d'entreprises de services pétroliers et qu'un autre espère démarrer une entreprise d'extraction massive de la rose de sables. Mais d'autres problèmes persistent. Il y a les fausses ou vagues adresses qui font que les promoteurs disparaissent dans la nature après avoir bénficié des financements. Et là, la majorité des cas d'échec est due à la coupure des liens avec l'Ansej et la banque, explique M. Benkhadouja. Ils n'ont, en effet, plus d'accompagnement ni conseil ; or le point fort du dispositif est justement l'accompagnement. C'est dans ce sens qu'un travail a été entrepris auprès des communes de la wilaya pour la réorganisation des plaques d'adresse qui réglera aussi le problème avec les banques. Avec des impayés de plusieurs milliards de dinars cumulés durant les huit dernières années et dont les promoteurs ne sont pas retrouvés par la justice, celles-ci ne veulent plus coopérer et posent plus de critères pour l'acceptation du financement et boudent les créneaux où il y a des impayés. Autre solution pour résoudre la question à la source en exigeant des croquis de quartiers pour repérer l'adresse exacte avant l'accord du crédit. La dernière action en date a été la formation de 130 promoteurs de sept wilayas du Sud, à savoir Adrar, Ghardaïa, Laghouat, Djelfa, Biskra, El Oued et Ouargla dont une quinzaine de filles. Une formation d'une semaine en gestion de microentreprises, marketing, organisation du travail et comptabilité.