Madjda est un prénom qui est intimement lié à la chanteuse algérienne Nora, mariée au compositeur Kamel Hammadi. En fait, l'artiste a baptisé sa boutique dans les années 1960 au nom de sa fille unique Madjda. Bien qu'ayant existé depuis des années, cette boutique a véritablement démarré avec Madjda. En effet, ayant passé la plus grande partie de son enfance et son adolescence entre Alger et Paris, Madjda savait qu'un jour ou l'autre, elle embrasserait une carrière en relation avec la mode. Déjà que pas plus haute qu'une pomme, elle se plaisait à admirer sa mère quand celle-ci se préparait pour ses galas. Choisir le métier de styliste n'a pas été facile pour elle puisque ces parents voulaient à tout prix qu'elle suive des études de médecine. Avec beaucoup de tact, elle réussira à les convaincre. La condition si ne quanon de ses parents était de réussir dans cette voie. Elle s'inscrit donc à Paris dans deux grandes écoles de couture où elle apprendra les secrets de la création et de la couture. Elle avoue en toute modestie que son passage chez les deux grands couturiers français, à savoir Gogeret Joffrin Byrs ont fait d'elle aujourd'hui ce qu'elle est. Une fois le diplôme en poche, elle travaille dans des boutiques de luxe de prêt-à-porter où elle apprendra les ficelles du métier. Ayant constaté le talent sûr de son enfant, sa maman lui demande de rentrer au pays pour gérer la boutique. Madjda demeure au départ réticente car comme elle le dit si bien : « Je gagnais bien ma vie en France. » Après mûre réflexion, elle décide, en 1984, de tenter une expérience d'une année. Au bout de l'échéancier fixé, elle se rend compte que sa place est réellement en Algérie. Sa boutique et son atelier explosent en offre et en demande. « Je pense que si j'existe, c'est grâce à mes clientes. » Les défilés de mode n'ont commencé, pour elle, qu'en 2000 quand elle s'est lancée dans le domaine de la haute couture. Elle a participé entre autres à un défilé de mode avec Yasmina et Nassila à l'hôtel Sheraton. Une année après, elle présente à Paris sa dernière collection. En 2003, à l'occasion de l'Année de l'Algérie en France, elle a fait pas de mal de défilés de mode, et ce, avec la collaboration entre autres de l'ANART. Dernièrement, dans le cadre de la semaine économique à Beyrouth, elle a été sollicitée pour présenter sa dernière collection. Il faut reconnaître que durant la période du terrorisme, elle a fait un break car, comme elle le dit si bien, le prêt-à-porter et la haute couture n'étaient pas de circonstance. Se définissant comme étant une styliste et une modéliste de formation, Madjda tient, cependant, à préciser qu'un bon styliste est avant tout un bon couturier et que le couturier, c'est le summum de la création. Notre interlocutrice fait son travail profondément car il y a cet amour et ce respect omniprésent pour la femme. « Il y a une clientèle qui rime avec moi. » Selon elle, le marché de la haute couture a toujours existé en Algérie. C'est, dit-elle, un travail précieux, exécuté à la main, fait de perlages et de broderies. « Il y a un potentiel et un savoir-faire d'adaptation qui est très important en Algérie. Chez nous, on suit la mode tout en l'adaptant. La femme algérienne est de plus en plus élégante. Les articles proposés à la clientèle sont à la portée des bourses. La styliste a pour devise de faire rimer qualité avec prix. » A la question de savoir ce qui différencie Madjda des autres grands couturiers algériens, elle lance avec un sourire complice : « J'ai un style. C'est une question de cœur. Tout ce que je fais, je le fais avec amour. Je pense que c'est à mes clientes... et à vous de répondre à cette question ». Madjda se caractérise, par son savoir-faire, son ingéniosité et sa vivacité.