Styliste-modéliste de prêt-à-porter et des tenues traditionnelles, Madjda est aujourd'hui à pied d'œuvre pour préparer ses nouvelles créations afin de rendre plus belles, avec sa touche personnelle, les mariées cet été. Elle prépare aussi un défilé de mode pour juin. Madjda est née à Paris où elle a passé son enfance, son adolescence et ses années d'études spécialisées. Aujourd'hui, elle innove dans les tenues traditionnelles algériennes. Pour cela, elle a fait de profondes recherches dans l'habillement algérien et se donne un plaisir immense à apporter sa touche personnelle, plutôt moderne. Pour elle, il est inadmissible de confectionner des tenues traditionnelles de nos régions sans connaître l'histoire de ces femmes qui les portaient il y a des siècles. « Pour s'intéresser à l'habillement des femmes algériennes, il faudrait d'abord connaître notre patrimoine et pourquoi ces femmes portaient ces tenues pour pouvoir ensuite les moderniser et adapter à notre époque. » Entre elle et ses tenues, c'est une belle histoire : « Je découvre toujours, suite à mes recherches sur le patrimoine, de belles histoires de nos régions. Plus je cherche dans l'histoire des costumes, plus je découvre des histoires fascinantes. » Comment une « Parisienne » s'est-elle mise à s'intéresser aussi énergiquement à des tenues kabyles, chaouies, targuies, algéroises et tlemcéniennes ? Une empreinte parentale Ses parents lui ont fait aimer le pays. Son père est l'un des piliers de la chanson algérienne et de la culture kabyle. Il a écrit pour plus de deux cents chanteurs, à l'exemple de Aït Menguellet et Akli Yahyaten. Kamel Hamadi a également lancé celle qui est devenue sa femme, Nora. « Je suis fière de mes parents. Ils m'ont inculqué l'amour du pays, de ma culture et de mon patrimoine. Ce sont eux qui m'ont appris à connaître d'où je viens et c'est grâce à eux qu'aujourd'hui, j'ai cette richesse culturelle. » Madjda, qu'une certaine génération connaît à travers une chanson que Nora a chantée pour elle, s'estime heureuse d'avoir eu la chance de grandir en France et se fixer par la suite à Alger. Une ouverture et un épanouissement qui lui permettent de percer dans son domaine. « J'ai toujours bien profité de ma culture et c'est merveilleux de vivre entre deux pays. Je profite de Paris, d'Alger et de ma culture kabyle aussi. » Même si ce n'était pas l'ambition de ses parents artistes, la mode était le rêve de Madjda. « Je suis douée pour ce métier que j'ai vite découvert. Mes parents auraient certainement aimé que je fasse autre chose, mais vu leur tolérance, il m'ont payé des études dans les écoles de haute couture les plus luxueuses de Paris. » Très jeune déjà, elle s'intéresse aux tenues de soirée. Fille unique, dès qu'elle commence à être consciente de son don, elle intègre une école de haute couture de française. avant de rejoindre une école de prêt-à-porter à Paris. En 1985, elle rentre en Algérie avec un ambitieux projet : se lancer dans le prêt-à-porter. « C'était une réussite dans la mesure où, à cette époque, il n'y avait pratiquement rien comme tenues destinées aux jeunes étudiantes. J'ai donc su combiner les modèles modernes aux bourses des étudiantes. J'ai fidélisé mes clientes… Et des années plus tard, quand ces jeunes étudiantes sont devenues femmes, travailleuses puis futures mariées, j'ai basculé vers la haute couture. » Un choix personnel Avec une modestie qu'elle tient de son père, Madjda ne met pas ses tenues de soirée et de haute couture directement sur le marché. Elle confectionne dans un premier temps des tenues de haute couture pour ses amies. Mais un jour, un observateur la recommande à la Chambre de commerce française qui cherchait, en 2000, des jeunes talents encore inconnus. Et Madjda se lance alors dans les défilés en couleurs, l'un après l'autre, avec succès. « Les organisateurs se sont adressés à mon cœur. Ils voulaient quelqu'un d'Algérie pour représenter le pays. Cela m'a fait énormément plaisir de représenter la femme algérienne debout et battante après une décennie de terrorisme. » Madjda n'impose jamais son style à une cliente. Elle fait toujours un modèle sur mesure, personnalisé. « Je travaille sur commande. Aucune femme n'est identique à une autre. » Comme dans sa vie professionnelle, dans sa vie de famille, il n'y a pas de place pour l'influence : « Je laisserai mes filles choisir leur métier. L'important, c'est qu'elles gagnent leur vie. Le travail est la clé de la dignité. » 3 dates dans ma vie 1991 : année où je suis devenue maman. J'étais heureuse d'avoir ma fille. 1995 : ma fille aînée a eu une petite sœur. J'étais doublement heureuse. Mes enfants ont donné du goût à ma vie. 2000 : j'organise mon premier défilé de mode à l'hôtel Hilton d'Alger à l'appel de la Chambre de commerce française. C'était un tournant dans ma vie et pour l'Algérie, qui venait juste de sortir de la décennie noire.