L'homme d'affaires Djillali Mehri accueille, depuis quatre ans dans sa résidence Daouia à El Oued, le symposium international d'El Oued, qui regroupe des chefs d'entreprise algériens, des experts, des universitaires... La quatrième édition consacrée aux alliances stratégiques a vu aussi l'organisation d'un carrefour des entrepreneurs maghrébins. Nous lui avons posé quelques questions sur cette initiative. Cette année, vous accueillez une rencontre d'hommes d'affaires maghrébins parallèlement au symposium d'El Oued. Quel est l'objectif recherché ? C'est la quatrième année que nous accueillons le symposium. Cette année, on l'a consacré comme carrefour pour les chefs d'entreprise maghrébins. Cela a été fait à mon initiative. Je pense qu'il ne peut y avoir de Grand Maghreb sans économie. Le Grand Maghreb peut se constituer plus rapidement. Nous pensons que le Grand Maghreb peut se construire plus rapidement avec l'économie. Pour ce faire, il faudrait que la réglementation des échanges soit harmonisée. C'est ce qu'on attend de nos gouvernements. Nous estimons qu'on a perdu beaucoup de temps, alors qu'il y a de nombreux défis avec la mondialisation, les regroupements régionaux... Pour être un seul marché, il faudrait qu'il n'y ait plus de protection, ni de monopole, ni de droits de douane... C'est un marché de 100 millions d'habitants... Un document a été élaboré à El Oued par les hommes d'affaires maghrébins. Peut-on savoir ce qu'il en est ? On a signé un mémorandum entre nous pour exprimer notre volonté de travailler ensemble à travers un bureau de liaison à Alger qui sera au service des hommes d'affaires. L'essentiel, c'est de commencer. La première année, le carrefour s'est tenu en Algérie, l'année prochaine cela sera peut-être au Maroc... Les Marocains ont émis le vœu de l'accueillir. C'est symbolique, mais il fallait faire quelque chose. Vous avez proposé la création d'une chaîne de télévision maghrébine. En quoi consiste l'idée ? Ce qui est le plus important, c'est la création d'une chaîne maghrébine « apolitique ». Elle serait consacrée à l'économie, à la culture, au sport, au tourisme... Elle pourrait être aussi bénéfique pour l'émigration maghrébine. La chaîne de télévision maghrébine est une idée que vous avez déjà proposée. Peut-on savoir si le projet est déjà ficelé ? On a déjà lancé une étude économique. On veut débloquer un budget pour cinq années afin de permettre à la chaîne d'être autonome. La première action, ça sera de déposer les fonds pour financer la chaîne pour cinq ans. Le capital sera détenu par des Maghrébins - Marocains, Tunisiens, Algériens... Le capital sera ouvert aux autres hommes d'affaires qui voudront nous rejoindre, notamment nos frères libyens et mauritaniens. Pour différentes raisons, on compte établir le siège de la TV à l'extérieur. Il y a déjà un protocole d'entente. Et nous voulons obtenir la « caution » des autorités concernées. Nous n'avons pas besoin d'autorisation pour lancer la chaîne à l'extérieur, mais nous voulons faire les choses proprement, pour qu'il n'y ait pas de problèmes avec les autorités des pays. Notre objectif n'est pas politique, mais il va au-delà... C'est celui de rapprocher les Maghrébins.Je pense que quand les responsables vont voir que le projet est sérieux, ils vont nous soutenir... Mais il y a eu trop de rendez-vous ratés entre les Maghrébins, ne pensez-vous pas que l'initiative est vouée à l'échec ? Il ne faut pas parler du passé... il faut voir l'avenir... Il y a un danger pour nos économies, notre main-d'œuvre. Si on ne fait rien, d'autres le feront chez nous. Cela fait très longtemps qu'on n'a pas eu d'échanges. Quand on va avancer, la politique va suivre. Le plus important, c'est l'harmonisation de la réglementation.