hommes d'affaires et entrepreneurs ont échangé leurs visions sur le «codéveloppement Etat-Entreprises» thème de la rencontre. La deuxième édition du symposium organisé par l'Institut supérieur de gestion (ISG) s'est déroulée les 3 et 4 mai dernier à El-Oued. Dans le cadre féerique de la résidence Daouia du milliardaire Djillali Mehri, universitaires algériens et étrangers, hommes d'affaires et entrepreneurs ont échangé leurs visions sur le «codéveloppement Etat-Entreprises» thème de la rencontre. La présence du ministre du Commerce, M.Nourredine Boukrouh à ce symposium, a revêtu un double aspect. D'une part l'intérêt que porte le gouvernement au dialogue avec ses partenaires économiques et d'autre part aura permis de créer l'équilibre nécessaire à recentrer les débats. Parmi les opérateurs nationaux qui sont intervenus figure l'homme d'affaires Issad Rebrab dont l'attaque contre l'Etat qui «reconnaît l'existence de 65 zones d'économie informelle tout en faisant preuve d'un laxisme suspect» a été fort remarquée. Rebrab faisait allusion à un communiqué publié par le ministère du Commerce dont le premier responsable était présent au symposium. Une attaque qui a aussitôt fait réagir M.Nourredine Boukrouh qui après avoir regretté l'utilisation faite d'une information effectivement publiée par son département: «Il s'agit de zones de commercialisation qui n'ont rien à voir avec le secteur productif», précisera le ministre, avant d'ajouter qu'on ne peut venir à bout d'un tel fléau sans tenir compte de son prolongement sociopolitique. Ne s'arrêtant pas là M.Rebrab continuera ses attaques en accusant l'Etat de bloquer le processus de privatisation en soulignant que celui-ci «est au point zéro». M.Boukrouh a dû remettre les pendules à l'heure en rappelant à l'homme d'affaires «la privatisation du complexe d'El-Hadjar avec des partenaires indiens, celle d'Agenor avec les Australiens ou encore la cession des officines de pharmacie». «Votre sentence est injuste M.Rebrab!», conclura M.Boukrouh. Le patron de Cevital persiste et signe dans son accusation en ne relevant que le dernier point pour dire que «les officines ne sont que des structures commerciales qui n'ont rien à voir avec des unités productives. Si c'est cela qu'on privatise?...», a ironisé l'homme d'affaires qui, à l'évidence, nourrit une opposition absolue à l'Etat. Cette prise de bec à fleuret moucheté entre l'industriel et le représentant de l'Etat n'a heureusement pas entamé la suite des travaux de la rencontre qui ont été très riches en enseignements. En effet et alors que les travaux avaient débuté sur la question de savoir «comment les Etats coproduisent de la valeur avec les entreprises?», ils ont été, au fil des interventions, réorientés vers les relations entretenues entre l'Etat algérien et les opérateurs économiques. Du concept global et universel de cette «coproduction de valeur», les orateurs sont passés aux «relations difficiles» vécues par les entreprises privées avec l'Etat et ses structures en Algérie. Pour la plupart des participants, l'ouverture du marché et le passage à une économie libérale connaissent des «ratés» qui font traîner en longueur la période de transition. L'exemple de la Chine, qui a réussi une rupture plus franche avec l'économie dirigée, a été maintes fois cité. Plus d'une décennie après la constitutionnalisation de l'économie de marché dans notre pays, les dossiers de la privatisation, du foncier industriel et des investissements, pour ne citer que ceux-là, ne sont «toujours pas fermés». Une vingtaine de communications ont été faites au cours de ce symposium et de riches débats les ont suivis. C'est ainsi que le représentant de la Banque mondiale en exposant les résultats d'une enquête effectuée en Algérie a relevé qu'il faut quelque «121 jours pour enregistrer une entreprise» alors qu'en Tunisie «une demi-journée suffit». La complexité de la procédure maintenue par une bureaucratie qui ne veut pas lâcher prise est en cause. Visiblement le guichet unique mis en place après la promulgation de la loi sur les investissements n'a pas l'air de faire avancer les choses. A l'inverse un autre représentant d'une institution affiliée à la Banque mondiale, l'Agence multilatérale de garantie des investissements (Miga) nous apprend que les risques politiques que peuvent courir les investisseurs étrangers en venant en Algérie peuvent être assurés par son organisme. Très peu connu, le rôle de la Miga est assimilable à celui joué par la Coface. Cette agence de la Banque mondiale «propose des garanties contre les risques de transfert, d'expropriation, de conflits armés, troubles civils et de rupture de contrats» dans 82 pays à économie émergente dont l'Algérie est membre. En conclusion et si la mise à niveau de nos entreprises a été jugée plus que nécessaire dans la globalisation qui s'annonce, celle du partenaire que sont les structures de l'Etat doit aussi être entreprise au plus vite. C'est ce sur quoi sont d'accord experts nationaux et internationaux qui ont participé à ce rendez-vous annuel que l'on se plaît à appeler «le Davos algérien». La troisième édition aura également lieu à El-Oued. M.Djillali Mehri, avec sa légendaire générosité, a donné son accord au souhait exprimé par les participants.