La manne financière générée par le tourisme à destination des sites archéologiques ou historiques et par l'existence d'objets artistiques de valeur culturelle inestimable a un impact certain sur l'économie d'un pays. Cette impression fait l'unanimité auprès de plusieurs participants au colloque international sur la protection juridique du patrimoine culturel organisé à Annaba du 14 au 16 mai par le laboratoire de recherche de droit, urbanisme environnement de l'université Badji Mokhtar. L'on a également parlé de la dégradation, du vol et du trafic illicite des biens culturels que l'on affirme être étroitement imbriqués à la vie économique mondiale. De par les institutions étatiques nationales qui y étaient représentées en nombre douanes et différents services de sécurité, celles internationales Unesco et l'Institut International d'Uniformisation du Droit (Unidroit) ce colloque a confirmé cette imbrication. L'aspect économique est, du reste, souligné par la convention Unidroit. 1er du genre et de niveau international avec la participation d'universitaires, hommes de loi et de droit, chercheurs de plusieurs pays dont la Syrie, la Belgique, la France, Italie, ce colloque a atteint des sommets. Durant 3 jours d'interventions et de débats, des textes de lois nationales et internationales, différentes affaires de trafic, mises à sac, destructions ou dégradations, ont été abordés. "Au départ, j'ignorais l'ampleur de ce fléau et sa relation avec le crime organisé. Une rencontre avec des chercheurs d'Unidroit m'a permis de découvrir que le trafic illicite des biens culturels se classait en 2ème position après celui de la drogue. Pire, les biens culturels sont utilisés comme moyen de corruption et d'achat d'armement utilisé par le terrorisme" a indiqué M Rahmaoui Kamel administrateur et maître de conférence associé à l'université de Guelma. A Annaba, sous le regard des représentants de l'Unesco, de Unidroit et avec la bénédiction de Interpol, l'idée d'une meilleure protection du patrimoine culturel à l'échelle planétaire s'est développée. L'on est arrivé au constat qu'à ce jour, cette protection n'est pas arrivée à catalyser l'idéal en textes juridiques pour lui assurer son assise. Durant 3 jours, le colloque de Annaba ne s'est pas essoufflé une seule fois. En effet, des intervenants ont pratiquement surfé sur la vague du juridique néolibéral ou se sont claquemurés derrière la nécessité d'une meilleure approche de la protection culturelle par l'uniformisation des textes. C'est là qu'intervient l'organisation Unidroit dont la convention a été signée par 57 pays. L'Algérie n'y a toujours pas adhéré alors qu'elle est l'une des plus grandes victimes de vols et pillages du patrimoine culturel. Le plus récent étant celui du Tassili. C'est dire qu'en décidant d'organiser pareille manifestation, le laboratoire de recherche de droit, urbanisme et environnement de l'université Badji Mokhtar Annaba et en invitant un des membres des plus influents de cette organisation à y participer, les universitaires du laboratoire de droit de Annaba ont suppléé à cette défaillance. Dans un passage de sa déclaration, M Rahmaoui Kamel en a donné un aperçu : " ... J'ai tout de suite cherché à alerter l'opinion publique et les autorités sur l'importance de la question. Si votre journal m'a ouvert ses colonnes sur ce sujet, les autres institutions ne m'ont malheureusement pas écouté notamment le ministère de la culture auquel j'ai adressé une copie de la convention d'Unidroit sur les biens culturels volés ou illicitement exportés de 1995...". Dans les communications comme lors des interventions et débats, il a été souligné la relation du trafic d'œuvres d'art et objets archéologiques avec la drogue, Armes et les moyens de corruption. "Les droits nationaux en la matière sont très différents. C'est sur la diversité des droits nationaux très différents que, jouent les trafiquants", ont précisé les universitaires du laboratoire de recherche droit de Annaba. Au delà des interdits, des non dits et des fausses pudeurs décelés dans les interventions, l'œuvre d'art a démontré tout l'impact qu'il génère à tous les niveaux de la vie d'une société. C'est dire que ce colloque international n'a pas été une banale rencontre savante limitée à des discussions, des échanges d'idées et d'expériences sur le patrimoine culturel et sa protection au plan national et international. La fébrilité a gagné ces dernières années les institutions à résonances mythiques comme Unesco et Interpol, celle d'Uni droit à Rome. Elle est un autre argument avancé par les séminaristes dont des enseignants universitaires en sciences politiques et économiques pour souligner l'urgence d'une plus grande offensive dans la protection du patrimoine culturel à travers le monde. Cette préoccupation a été particulièrement soulignée dans l'excellente communication "la sauvegarde des biens culturels mobiliers de valeur universelle" de M Sid Ahmed Baghli ; Ce Conseiller à la délégation permanente de l'Algérie auprès de l'UNESCO, a soutenu que : "... Plus de 30 années après la convention concernant la protection du patrimoine mondial, culturel et naturel, un nouveau txte permettrait de compléter la Convention de la Haye de 1954 et ses protocoles additionnels. Il renforcerait également l'arsenal juridique existant..."