Agir pour la citoyenneté Recrutement (APC) est le premier cabinet de recrutement associatif dont l'objectif est de présélectionner les cadres à la recherche d'un emploi issus des banlieues dites « sensibles » et dont l'appartenance à ces espaces de vie stigmatisés constitue un handicap. Issus pour la plupart d'entre eux de l'immigration, ces jeunes cadres sont diplômés mais ne trouvent pas d'employeurs. Agir pour la citoyenneté (APC), une association nationale, - loi 1901 - créée en janvier 2001, a lancé en 2005 un cabinet de conseil spécialisé : APC Recrutement, animé par une vingtaine de bénévoles âgés entre 30 et 40 ans, issus de plusieurs origines et représentant une génération qui a envie d'entreprendre, à l'image de son président Karim Zeribi. D'origine algérienne, Karim Zeribi est cadre d'administration publique et consultant à Radio Monte-Carlo. Le cabinet de recrutement, officialisé le 12 avril dernier, est parrainé par Jacques Maillot, fondateur de Nouvelles Frontières et par Hervé Serieyx, ancien délégué interministériel à l'insertion des jeunes et vice-président de la fédération française des groupements d'employeurs. APC Recrutement fonctionne comme un cabinet classique de recrutement avec la même exigence de qualité des candidats, sauf que sa cible est dirigée vers les jeunes diplômés des quartiers stigmatisés. Il est considéré comme l'un des pionniers dans ce domaine. L'idée de ce cabinet de recrutement est « née d'une expérience dans l'action sur terrain qui s'est penchée sur les obstacles à l'accès à l'emploi dans les banlieues populaires », nous explique Karim Zeribi. « Si la moyenne nationale du chômage est de 10%, ce taux monte à 30, voire 40% dans ces banlieues, touchant des jeunes issus de l'immigration, qui ont fait des études, qui sont motivés, mais qui ont des difficultés à accéder à un emploi parce qu'ils habitent dans des banlieues stigmatisées et parce qu'ils manquent de réseaux dans le milieu professionnel », souligne-t-il. Ces jeunes vivent une triple discrimination : spatiale, sociale et ethnique. « Depuis plus de 30 ans, on construit des ghettos qui créent une fracture territoriale entre quartiers refermés sur eux-mêmes et quartiers où il fait bon vivre », reprend Karim Zeribi. « Quand on est né enfant d'ouvrier, on a moins de réseaux que quand on est issu d'une famille de classe moyenne. » « La discrimination ethnique est la plus prédominante. Quand on s'appelle Mohamed ou Fatima, on a du mal à être accepté dans la communauté nationale. » « Le principe d'égalité républicaine est mis à mal. Ce n'est pas acceptable. Les discours sur la République se fragmentent. Les jeunes ne croient plus à la promotion sociale par les études. » Besoin de reconnaissance Karim Zeribi est convaincu, et avec lui tous ceux qui partagent la même démarche, que « ces jeunes des banlieues ont plus besoin de reconnaissance et de considération que d'intégration ». « Notre but, dit-il, est de repérer dans les quartiers les compétences et les motivations et les proposer aux chefs d'entreprise. » Cet objectif est consolidé par une enquête Ifop, commandée par APC et réalisée en fin d'année 2004 auprès de 460 DRH et près de 1400 citoyens. Cette enquête a montré que pour 91% des personnes interrogées, l'accès à l'emploi dans le monde de l'entreprise est difficile quand la personne est issue des quartiers dits « sensibles ». Le cabinet de recrutement mène une double action : une action de sensibilisation auprès des employeurs et une action vers les jeunes des quartiers afin de mettre en adéquation des candidatures de jeunes en situation d'employabilité immédiate et des employeurs. « On veut sortir des clichés. Dans les banlieues, il y a des diplômés qui ne demandent qu'à travailler. Ce sont les oubliés de la politique de la ville qui ont tout fait pour être acceptés et regardés comme les autres, mais qui ont du mal à trouver leur place. » APC Recrutement dispose de plus de 400 fichiers de candidats en banque. La majorité des candidats sont détenteurs d'un DEUG, d'un DESS ou d'un master. Le cabinet de recrutement est, selon son président, sensible à la dimension euro-méditerranéenne. « Nous sommes Français, nés en France, mais nous sommes très attachés au pays d'origine de nos parents. Nous souhaitons et pouvons être les artisans du pont à créer entre l'Algérie et la France. Je regrette qu'il n'y ait pas plus de démarches des institutions, notamment algériennes, vers cet objectif. J'ai été quelquefois en Algérie, on sent que les jeunes ont envie de tisser des liens avec nous. Cette envie, nous la partageons aussi. Il y a des gens dans la société civile qui font des choses », mais ils ont besoin d'être encouragés, semble-t-il vouloir dire. Et d'ajouter : « la communauté algérienne est bien implantée en France, mais elle n'est pas organisée. C'est une communauté éclatée, comprenant de fortes personnalités, des individualités. » Parcours express Karim Zeribi est le président fondateur de l'association Agir pour la citoyenneté. Opposé à la discrimination positive, il crée, avec les bénévoles d'APC, le premier cabinet de recrutement destiné aux cadres issus des quartiers populaires. Après avoir été stagiaire professionnel de football, en 1999, il intègre le ministère de l'intérieur en tant que conseiller chargé des questions de citoyenneté. Il devient vite un spécialiste des questions relatives à la sécurité publique et à la politique de la ville. Après un passage au sein de la direction générale de la police nationale où il a favorisé une politique de recrutement à l'image de la population, karim Zeribi est aujourd'hui cadre à la SNCF. Il est également consultant à RMC tous les jours de 11h à 13h dans l'émission « Les grandes gueules » aux côtés de Jacques Maillot (président d'Eurotunnel). Le concept de cette émission de radio est d'aborder tous les sujets d'actualité en toute franchise en évitant de pratiquer la langue de bois. Il a écrit un livre Le Sauvageon de la République aux éditions JC Lattès.