Purger le reste de sa peine en réalisant des travaux d'utilité publique, à l'extérieur des prisons, c'est désormais possible. Environ 40% de la population carcérale, ayant une condamnation définitive, pourront commencer très prochainement par bénéficier de nouveaux régimes de détention. Il s'agit des régimes semi-liberté, chantier extérieur et milieu ouvert, prévus par la loi portant organisation pénitentiaire et réinsertion sociale des détenus, promulguée le 6 février 2005. Ces nouvelles formules devront toucher les 127 établissements pénitentiaires que compte l'Algérie. Au niveau de chaque établissement, une commission dite de l'application des peines se chargera d'examiner et de donner suite aux demandes des détenus. Une deuxième commission, celle de l'aménagement des peines, installée au ministère de la Justice et présidée par un magistrat de la Cour suprême, aura, quant à elle, à se prononcer sur les recours. En vue de faire participer la société civile à ce projet, deux personnalités expertes en matière de criminalité seront autorisées à y siéger. Ces commissions sont prévues par deux décrets exécutifs datés du 17 mai 2005. « Cette nouvelle approche a pour objectif de donner un contenu réel à la réinsertion sociale et de soulager la surpopulation carcérale », a expliqué Mokhtar Felioune, directeur général de l'administration pénitentiaire, lors d'une journée d'étude sur les modalités d'application de cette nouvelle loi, tenue hier à la résidence des magistrats. « Cette loi tend à mettre en place les principes et les règles d'une politique pénitentiaire basée sur l'idée de défense sociale qui fait de l'application des peines un moyen de protection de la société par le biais de la rééducation et de la réinsertion sociale des détenus », précise le communiqué du ministère de tutelle. La surpopulation carcérale reste effectivement très élevée : avec 41 500 détenus, le taux d'occupation des prisons est de l'ordre de 200%. Autre chiffre révélateur du malaise : les détentions préventives sont estimées à 11,5% de la population carcérale. A l'horizon 2007, 25 milieux ouverts, des sortes de bases, seront créés principalement dans le sud du pays pour permettre aux détenus de participer à la réalisation du barrage vert. Selon M. Felioune, des études sont en cours dans les wilayas de Djelfa, de Laghouat, de Tébessa et de M'sila pour dégager des sites d'accueil pour ces bases. Les détenus doivent toutefois répondre à plusieurs conditions : en plus de la bonne conduite, les récidivistes doivent avoir au préalable purgé deux tiers de leur peine, et un tiers pour les primaires. Les travaux qu'ils réaliseront seront, faut-il le préciser, rémunérés.