Le tout-Barika a soif. C'est ce qu'a confirmé, sur les ondes de radio Aurès, le président de l'APC de cette deuxième grande ville de la wilaya, plaque tournante du commerce informel, habitée par plus de 100 000 habitants, éparpillés sur 304 km2. Rappelons que plus de 100 personnes impliquées dans les émeutes, début mai, ont été inculpées et présentées au procureur de la République près le tribunal de Barika, à l'issue d'une intervention musclée des forces d'intervention, dans le populeux quartier de la cité An Nasr. Ainsi, Lazhar Dourari reconnaît que les 19 quartiers, y compris le centre-ville, ne reçoivent le précieux liquide que tous les dix jours, pour une demi-heure. L'APC n'arrive pas à approvisionner les habitants, qui déboursent, dixit M. Dourari, environ 400 DA/mois ! « Les écoliers sont devenus des chercheurs d'eau », déplore-t-il. Encore faut-il la dénicher ! Harcelé par ses concitoyens, le P/APC accuse l'Epedemia, gestionnaire du réseau AEP, qui, d'après-lui, « gère mal la distribution par l'installation d'équipements, d'électropompes à faible rendement, avec de fréquentes et longues pannes ». Il illustre son accusation par l'exemple de ce puits - tobna - qui ne fournit que 5 l/s alors que ses performances sont au-delà de la pompe installée. En revanche, il défend l'Epedemia qui « ne peut gérer un réseau vétuste et obsolète » sans plan cartographique. Un citoyen interpelle l'élu sur l'absence de l'Etat qui aurait oublié son quartier, la cité Lafrad, qui n'aurait pas reçu une goutte durant sept ans et est également sans électricité. Il sera prié par l'orateur d'attendre les services de l'hydraulique qui, le forage réceptionné, entameront les travaux d'adduction, lesquels seront lancés dans quelques jours. Du burlesque ! « Nous sommes ouverts au dialogue avec nos électeurs, mais nous ne cautionnons pas la violence », souligne le P/APC.Se plaignant de la terrible infection qu'est la leishmaniose, cette maladie endémique spécifique à la zone sud de la wilaya de Batna et même Biskra, le P/APC rassure : « Nous avions 3600 cas en 2003 pour 1600 en 2004. Une commission ministérielle a été dépêchée sur les lieux, suivie d'une équipe de l'Institut Pasteur d'Alger. » Les conclusions des enquêteurs convergent. « Barika est sale ! Le civisme du citoyen y est pour beaucoup », accuse le P/APC, qui reconnaît quand même que les moyens de la municipalité n'arrivent pas à subvenir aux besoins de cette grande ville qui aspire à devenir wilaya, avec un rattachement à certaines communes de M'sila, comme l'ont scandé les populations lors de la campagne présidentielle 2004. Victime de l'insécurité des hommes politiques - élus et administrateur - « car, comment expliquer, déclare le président d'une association de quartier joint par téléphone, la clochardisation de Barika : dépotoir à ciel ouvert, routes défoncées, gadoue, moustiques, animaux d'élevage circulant librement, cross-connexion qui aura privé un quartier d'eau plus de 4 mois, construction illicite anarchique... » A ces questions, le P/APC répondra que Barika est surpeuplée. Il y a dix ans, la population urbaine n'était que de 6%. Un exode rural massif, ces 10 dernières années, est notoirement constaté. Les moyens de la ville seraient dérisoires. Dans le chapitre habitat, le P/APC communique que les terrains sont disponibles. D'ailleurs, se plaît-il à répéter, « 380 logements ont été attribués ». 450 autres sont programmés par la DUCH : 150 logements pour le social et 450 pour le LSP (logement social participatif). Pour l'habitat individuel, la commune souffre du problème juridique des terres, de nature arch ; par conséquent leurs possesseurs ne peuvent obtenir de permis de construire. La procédure du certificat de possession est bloquée dans la wilaya de Batna.Débordée par les appels des Barikis, l'animatrice n'a pu obtenir de réponse à la sérieuse question sanitaire, l'hépatite virale, comme elle n'a pas pu questionner le P/APC sur les ressources financières de la commune.Ville au climat avide, avec des tempêtes de sable fréquentes, Barika souffre de la promiscuité, de l'absence d'espaces verts, d'embouteillage qui se verra résolu, selon le P/APC qui attend l'approbation de la wilaya pour sa délibération, où il serait dégagé 7100 millions de centimes pour la construction d'une gare routière. Enfin, la « goutte » qui a mené les protestataires au dérapage est cette constatation du P/APC lui-même. Huit puits avec 203 l/s, il y a 20 ans, pour 107 l/s pour le même nombre aujourd'hui. selon une source informée, le problème de l'eau à Barika ne sera définitivement résolu que par l'adduction du barrage de Timgad. Projet imminent, est-il confirmé.Pour conclure, quelle est la part de Barika dans le fameux plan de relance de président ?