Les services de sécurité nient avoir utilisé des balles réelles contre les manifestants, démentant ainsi les témoignages des citoyens qui affirment le contraire. Ce sont des sources sécuritaires qui ont confirmé officiellement, dans l'après-midi d'hier, le décès d'un second manifestant à Arzew des suites de ses blessures. La victime, B. Mohamed, âgée d'une trentaine d'années avait été blessée par balle dans la nuit de mardi, alors que des émeutes et des affrontements des plus violents avaient embrasé le centre-ville d'Arzew jusque tard dans la nuit. Transféré à l'hôpital, Mohamed B. y décédera tôt ce mercredi matin. Les autorités ont demandé une autopsie afin de déterminer les causes de la mort d'autant plus que cet homme aurait été touché par une balle en caoutchouc. Une précision qu'ont tenu à faire les services de sécurité qui nient avoir utilisé des balles réelles contre les manifestants, démentant ainsi tous les témoignages des citoyens qui affirment le contraire. Malheureusement, c'est le deuxième manifestant qui décède depuis le déclenchement des émeutes, ce lundi à Arzew, plus précisément à la cité Les Plateaux. Tout a été déclenché lorsque les autorités locales ont procédé à la démolition des baraques de fortune servant d'étals pour des commerces informels. La journée du mardi fut la plus terrible. Les manifestations qui se sont produites après l'enterrement d'Ahmed, la première victime, ont littéralement dégénéré après le f'tour ce mardi. Jusqu'à 3h du matin, les émeutiers, dans leur majorité très jeunes, ont saccagé et brûlé la plupart des édifices publics qui n'étaient pas protégés. Des saccages en règle ont eu lieu au niveau des annexes de la poste à la cité Les Plateaux. Au centre-ville, les stations-service, l'APC, les impôts, le bureau de main-d'œuvre, un centre social et une maison des jeunes n'ont pas été épargnés par les manifestants. Les dégâts atteindraient 50 milliards. À Arzew dans la journée d'hier, un calme précaire régnait ; une atmosphère lourde très perceptible au centre-vile et au niveau des cités les Plateaux et Zabana où les citoyens, très marqués par les événements de ces deux derniers jours, se réunissent par petits groupes. Par ailleurs, la décision de fermer les écoles primaires du quartier a été prise, car, selon une rumeur, les établissements scolaires risquent de subir le même sort. Les directeurs et les enseignants ont libéré en catastrophe leurs élèves, leur demandant de rejoindre leur domicile. Du côté des autorités locales, où une cellule de crise a été mise sur pied, on craint le pire d'autant plus que l'annonce de la mort du manifestant Mohamed a vite fait de circuler dans tout Arzew. Le P/APC qui, dans la matinée, avait lancé un appel au calme sur les ondes de la radio El-Bahia, s'est dit lui aussi très inquiet, déplorant encore la mort de deux personnes. Un comité composé de personnalités politiques de la wilaya a été dépêché sur les lieux pour amorcer un dialogue avec les émeutiers et tenter d'éviter l'embrasement total de la capitale pétrolière de l'Ouest. Mais sur place, hier, les citoyens s'attendaient après le f'tour à une nouvelle flambée de violence, les forces de sécurité étant en alerte. Les conditions sociales dans lesquelles vivent depuis des années les habitants de la cité Les Plateaux, comme beaucoup d'autres cités du pays, ont émergé violemment à Arzew, explosant littéralement au grand jour. F. BOUMEDIENE