L'Etablissement de gestion aéroportuaire (EGSA) de Constantine met en amodiation par adjudication au plus offrant 555 ha de terrain à usage agricole situés au niveau des aéroports Rabah Bitat de Annaba, Ferhat Abbas de Jijel et Mohamed Boudiaf de Constantine. Les agriculteurs intéressés par cette offre, « une première en Algérie », nous dit-on, sont à cet effet conviés à se rapprocher des directions des trois aéroports concernés afin de s'enquérir des modalités pratiques de cette opération et retirer, le cas échéant, le cahier des charges. Cette décision de la direction de l'EGSA de la ville du vieux-Rocher d'amodier (mettre en exploitation une terre moyennant une redevance périodique) des terres à vocation agricole aux alentours des aéroports de Constantine (100 ha), de Annaba (380 ha) et Jijel (75 ha) s'inscrit dans les cadre de la politique actuelle prônée par les pouvoirs publics relative à la préservation et à la sauvegarde des terres agricoles. En effet, comme il est désormais interdit de construire sur des terre cultivables, l'EGSA ne peut donc plus exploiter les hectares de terres agricoles jouxtant ces trois aéroports pour y réaliser éventuellement un quelconque projet urbanistique, d'où l'initiative de les louer à des agriculteurs, lesquels doivent, cependant, se conformer à certaines conditions eu égard à la sensibilité des sites aéroportuaires. Contacté mardi à ce sujet, un responsable de l'EGSA de Constantine nous a, en effet, laissé entendre que ces « terrains non constructibles sont proposés à la location pour une durée de cinq années dans le respect des mesures de sécurité qui sont, conformément au cahier des charges, très claires ». Selon lui, ces terres devront être exploitées par des agriculteurs qui feront préalablement l'objet d'une enquête d'habilitation, insistant sur la nécessité d'éviter de cultiver sur ces terres tout ce qui est susceptible d'attirer des oiseaux, comme les arbres fruitiers. La présence des oiseaux dans les aéroports est, il est vrai, très redoutée car ils constituent un grand danger pour la sécurité aérienne. C'est le cas des oiseaux de petite taille dont la présence au sein des turboréacteurs peut engendrer l'arrêt du moteur, comme le mentionne un bulletin canadien de gestion de la faune dans les aéroports. Au demeurant, les agriculteurs appelés à exploiter ces 555 ha de terres agricoles devront, donc par respect de la sécurité aérienne, cultiver, à titre d'exemple, des pommes de terre ou du melon, affirme notre interlocuteur, en précisant, par ailleurs, que « l'EGSA amodie ces terrains pour qu'ils ne restent plus à l'état d'abandon. De plus, l'argent engrangé servira aux responsables de cet Etablissement de gestion aéroportuaire pour l'entretien des aéroports ». Cela étant, rappelons que la gendarmerie nationale mène depuis plusieurs semaines une vaste opération de recensement de terres à vocation agricole « phagocytées » par le béton, comme c'est le cas de plusieurs dizaines d'hectares dans la région de Oued Hamimime (wilaya de Constantine). Cette opération a d'ailleurs permis de mesurer l'étendue de la dilapidation des terres agricoles au profit d'une urbanisation sauvage et effrénée, surtout durant la décennie noire où des centaines d'hectares ont été détournés de leur vocation initiale, le tout sur fond de complaisance, voire de complicité de certains responsables locaux.