Le Comité pour la protection des journalistes vous appelle à vous assurer que de telles pratiques cessent immédiatement. Nous sommes convaincus que les lois en vigueur en Algérie qui autorisent la persécution et l'emprisonnement des journalistes doivent être abolies sans délai. Les journalistes ne doivent pas craindre les condamnations et les mesures d'emprisonnement pour ce qu'ils écrivent. De même qu'ils ont le droit d'exercer leur métier sans la peur permanente de persécution et de châtiment », rapporte une copie de la lettre adressée au président Bouteflika par le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), dont le siège est à New York. Le comité motive sa missive par les récentes condamnations qu'il énumère : « Le caricaturiste Ali Dilem a été condamné à une amende de 50 000 DA pour plusieurs caricatures publiées en été 2003 considérées comme critiques envers vous (le président, ndlr) et votre campagne de réélection. L'ex-directeur de Liberté a été condamné à une année de prison ferme pour avoir publié ces caricatures. Farid Alilat qui vit actuellement en France a été condamné par défaut. » Mais également « Fouad Boughanem et Rédha Beladjoudja, journalistes au quotidien Le Soir d'Algérie qui ont été condamnés à deux mois de prison ferme pour outrage au président ». Le CPJ déplore ce climat de tension qui existe entre la presse et les autorités et qui « empêche le débat serein et nécessaire dans une société libre et ouverte », commente la copie. Le comité constate également que les procès intentés concernent d'une part les titres contestataires à la politique du président de la République et des articles publiés à l'époque de la réélection de ce dernier. « Au lendemain de votre réélection, de nombreux journalistes qui travaillaient pour des publications qui n'ont pas soutenu votre candidature craignaient des représailles de la part des autorités pour la ligne éditoriale de leurs journaux. Leurs craintes se sont avérées fondées », poursuit la copie. La missive qui a également été portée à la connaissance d'autres organisations, telles que Amnesty International, Human Rights Watch, International Federation of Journalists, appelle la Présidence à l'arrêt des poursuites judiciaires. Il y a eu jusqu'ici 4 procès en diffamation et 3 condamnations à la prison ferme. « Des centaines de procès contre des journalistes sont en attente », s'inquiète Ann Cooper, directrice de ce comité.