Le développement du secteur de l'agriculture passe impérativement par l'assainissement du dossier du foncier agricole. Dans la wilaya de Tizi Ouzou, les terres réservées à l'agriculture sont de plus en plus détournées de leur vocation initiale. Aux dernières statistiques établies par la direction des services agricoles de la wilaya, les terres agricoles dans la région relèvent dans leur écrasante majorité de la propriété privée. Les exploitations privées, selon la DSA, sont de l'ordre de près de 65 000 pour une superficie globale de près de 90 000 hectares. Ceci au moment où les exploitations agricoles collectives (EAC) ne dépassent pas les 130, d'une superficie de 4 200 ha. Le nombre d'EAI (exploitations agricoles individuelles), quant à lui, est de 1 280, totalisant plus de 3 200 ha. Cependant, la wilaya comprend 268 concessions agricoles, d'une superficie globale de près de 400 ha seulement. Les chiffres avancés par les services agricoles de la wilaya, font ressortir que quelque 98% des exploitations, collectives et privées, relèvent du domaine privé, ce qui représente plus de 90% de la surface agricole utile (SAU) à travers toute la wilaya. Le capital foncier destiné à l'activité agricole comprend également deux fermes pilotes sises, respectivement à Tadmaït et Draa Ben Khedda. Toutefois, la DSA a fait état de résultats mitigés de ces deux fermes. En effet, au moment où celle de Draa Ben Khedda semble atteindre son rythme de stabilité, la seconde ferme pilote de Tadmaït peine à connaître son essor, ce qui fait que même les travailleurs ne cessent pas de manifester leur grogne pour contester les blocages qui y persistent. En outre, les agriculteurs dits sans terres, comprenant la catégorie des éleveurs, que ce soit du cheptel ou de la volaille, sont au nombre de près de 1700 dans la wilaya de Tizi Ouzou. Par ailleurs, les responsables du secteur de l'agriculture au niveau local expliquent que les raisons qui font subir une véritable saignée au foncier agricole dans cette région, à caractère agricole par excellence, sont, entre autres, le morcellement et surtout l'avancée extravagante du béton. Le morcellement s'explique, ainsi, par le partage entre les héritiers, et qui a engendré les conséquences que subissent systématiquement les terres relevant de la propriété privée. Ceci a fait que plus de 35 000 exploitations agricoles ont une superficie de moins d'un hectare et le nombre d'exploitations ayant plus de 5 ha ne dépasse pas les 4 300. Toutefois, il est utile de mentionner que les incohérences relatives à la gestion du foncier agricole se présentent comme étant l'un des défis majeurs qui hypothèquent toutes les politiques de développement économique engagées ces dernières années. Dans la wilaya d'Alger, Blida et Boumerdès, l'on se souvient, les services de sécurité ont provoqué un véritable séisme dans les milieux réputés pour la spéculation immobilière et foncière, et ce, après les enquêtes menées sur le foncier agricole détourné de sa vocation initiale. La vallée de la Mitidja, qui renferme un énorme potentiel agricole, a subi une dilapidation caractérisée ces dernières années et c'est à ce genre de dépassements qu'il faudra mettre fin pour garantir une meilleure relance du secteur agricole, dont le développement est plus que jamais incontournable pour que l'économie nationale, puisse surmonter les défis de la mondialisation et de la libéralisation tous azimuts.