Qualifiée de passionnante et d'inédite, l'expérience menée par l'association El Belliri des arts et des lettres à travers l'animation théâtrale pour enfants est désormais un modèle qui semble inspirer, sans exagération aucune, les plus chevronnés parmi les spécialistes du 4e art. Fruit d'un concours de circonstances et de rencontres fortuites après une activité théâtrale riche au sein de l'université de Constantine, et qui aura duré plusieurs années, la troupe libre des jeunes d'El Belliri sera agréée en tant qu'association en 1999 après un passage par les planches du théâtre régional de Constantine. Revenu de France où il a suivi une formation qui l'a mené à interpréter des centaines de rôles sur scène, Khaled Belhadj qui a pris les destinées de l'association fut d'un grand apport dans le volet de l'encadrement des jeunes qui ne cherchaient qu'à exploiter leurs capacités de création. Outre ses activités pour adultes, l'association ne manquera pas d'investir, énormément d'ailleurs, dans le « créneau » culturel porteur de l'animation théâtrale pour enfants. « Même si nous avons eu des expériences par le passé, nous avons réellement entamé un parcours enrichissant avec les enfants à travers la pièce Cirta ma maison, présentée en 1998, où nous avons fait découvrir l'histoire de l'Algérie grâce à la participation d'un groupe d'enfants âgés entre 4 et 13 ans », nous révèle Hamza Hammoudi, un des membres fondateurs de l'association. Un départ retentissant dont le succès donnera du souffle pour d'autres réalisations regroupant des enfants comme véritables vedettes sur scène. La stabilité et l'encadrement sérieux aidant, l'association enchaînera les productions avec le spectacle Senhadji, présenté en 2000 et qui connaîtra un succès foudroyant, réunissant une demi-douzaine d'enfants dans une pièce de musique et de chorégraphie. Un fait inédit surtout que la maîtrise des rôles par des enfants au jeu simple et sincère ne laissera pas le public adulte indifférent. Ce nouveau mode, qui vise à exploiter les espaces et les moyens d'expression en donnant à des jeunes en quête d'évolution la possibilité de toucher aux différents genres du théâtre, allant de l'opérette au clip, en passant par la chorégraphie, la pantomime et les rôles sérieux, aura bouleversé les traitements dépassés, proposés à des enfants devenus de plus en plus exigeants. « L'enfant joue pour être alors que l'adulte joue pour paraître » est l'expression de Khaled Belhadj qui confirme que cette enfance qui monte sur la scène ne cesse d'étonner plus d'un. Pour preuve, le spectacle Don Quichotte, présenté en 2001 par une quinzaine d'enfants, dont - fait inédit et rarissime - deux enfants trisomiques, a été la concrétisation d'un travail de haute facture dont le public (toujours adulte) se souviendra pour longtemps. Ne comptant pas s'arrêter en si bon chemin, l'association El Belliri projette déjà d'explorer d'autres terrains, en produisant par exemple des pièces interprétées entièrement en français par les élèves des écoles primaires, une manière d'apprendre une langue étrangère à travers le théâtre. Dans l'album de l'association, le plus beau souvenir demeure son passage à Boumerdès juste après le séisme du 23 mai 2003, où les vedettes des spectacles, donnés en signe de solidarité dans les camps même des sinistrés, étaient les enfants orphelins de la région. Une leçon exemplaire de courage et d'espoir.