Khaled Belhadj est très content. La prestation de sa troupe de jeunes pousses au centre hippique a été un franc succès. La gorge nouée, il attendait fébrilement « l'inauguration » de sa scène mobile acquise il y a quelques semaines seulement. Cette acquisition, la première du genre en Algérie n'a été possible qu'avec le précieux concours d'un partenariat euroméditerranéen tel que défini par la conférence de Barcelone de 1995 et qui se veut, à travers la formation, la rencontre d'un public large, enfants et adultes, une contribution de l'association El Belliri des arts et des lettres, dans le processus de démocratisation de la culture et l'émergence de nouveaux talents du spectacle vivant. D'un financement de 4,5 millions d'euros, dont 1,2 à la charge de l'association, cet espace amovible de représentations sera à la disposition des jeunes surtout. Partant du principe « si tu ne viens pas au théâtre, le théâtre viendra à toi » Belhadj voudrait vulgariser le 4e art en mettant à la disposition des écoliers et collégiens toute sa troupe et... sa scène mobile qui pourra être installée dans la cour d'une école ou d'une cité facilement. « Je fais tout pour que le théâtre El Belliri milite pour l'éclosion d'un art mais aussi pour la mise en place irréversible d'outils de création au théâtre qui nécessitent une réflexion, une recherche et une expérimentation constantes sanctionnées par des spectacles de haut niveau dans le contexte d'un art utile et associant », notera à juste titre notre interlocuteur. Parallèlement à la formation des jeunes, credo essentiel du théâtre El Belliri, la scène mobile vient à temps pour créer une nouvelle dynamique basée sur le rapprochement entres spectateurs et comédiens. Ayant pour espace toute la wilaya de Constantine, Belhadj et ses mioches (dont plusieurs sont encore morveux. Si, si...) vont donc « sévir » dès la rentrée et donner un coup de pied dans la fourmilière d'un théâtre sclérosé par une démagogie... talentueuse. Quoiqu'il en soit, Belhadj, aussi dingue qu'un Don Quichotte à la quête d'un amour du parfait impossible, et aussi « fou » qu'un Afflelou à la conquête d'un public aux binocles, reste persuadé que la scène mobile sera l'outil indispensable pour que le théâtre, jadis antre de personnes averties, devienne un espace (mobile) où tout un chacun pourra apprécier à sa juste valeur les talents multiples des comédiens du théâtre El Belliri à sa juste valeur.