Le président de la République arabe sahraouie démocratique (RASD), Mohamed Abdelaziz, a appelé le peuple marocain à « relever le défi de la paix afin d'être en conformité avec les résolutions internationales et les valeurs humanitaires », et s'associer avec leurs frères sahraouis pour « regarder ensemble l'avenir avec optimisme et espoir ». « Aucune raison ne justifie aujourd'hui le retour à la guerre et à ses corollaires, d'autant que la voie d'une paix juste et définitive pouvant être édifiée sur la légalité et le droit international est toute tracée », a notamment soutenu M. Abdelaziz, dans une lettre adressée à l'élite marocaine, avant-hier, et rendue publique par l'agence sahraouie SPS. Déplorant que, pendant les dix premières années du conflit, les élites, les partis politiques et les intellectuels marocains avaient « appuyé fermement, parfois avec zèle les thèses du gouvernement marocain », M. Abdelaziz a estimé qu'il n'y a plus de raison à ce que les intellectuels démocrates, les élites, les partis politiques et les instances de la société civile « cautionnent la politique du gouvernement marocain tendant à confisquer le droit démocratique sur les frontières sud du Maroc ». Tout en réaffirmant que la position du Maroc, consistant à récuser le principe du référendum, constitue « une rébellion contre la communauté internationale », il s'est interrogé sur les raisons qui poussent l'élite marocaine à accepter qu'on impute à l'Algérie les échecs cuisants de la position officielle du Maroc à propos du conflit. « Pourquoi oblige-t-on toujours le peuple marocain à imputer à l'étranger l'incendie qui embrase sa demeure », s'est interrogé encore Mohamed Abdelaziz, en rappelant que la position de l'Algérie n'a pas changé d'un iota que ce soit en 2005 ou lorsqu'elle a voté la résolution 2075 en 1965 sur le Sahara-Occidental. Le SG du Front Polisario a soutenu, par ailleurs, que le peuple marocain, qui a donné une élite, tels Mokhtar Souissi, Mohamed Abed Al Jabiri, Tahar Ben Jelloun, Fatma Merini et autres, ne peut « garder le silence devant la violence d'une rare sauvagerie » dont ont été victimes les Sahraouis dans les universités marocaines et dans les territoires occupés du Sahara-Occidental. Ces élites, s'est-il interrogé encore, « accepteraient-elles que leur pays continue à s'inscrire en faux contre les efforts de la communauté internationale et continue à se dérober à ses engagements internationaux en refusant une consultation référendaire démocratique ? ». Le peuple marocain accepte-t-il, s'interroge-t-il également, « de voir des femmes sahraouies de tout âge, parfois enceintes, malmenées, piétinées, assistant impuissantes à la répression féroce de leurs enfants qui finissent dans les cachots, loin d'elles ». Le président de la RASD a invité l'élite marocaine à tirer les conséquences du dernier soulèvement sahraoui, notamment celui d'El Ayoun, la semaine dernière, et de « ne pas croire les discours officiels passés en boucle, telle une antienne, qui alternent chantages et menaces contre des ennemis qui n'existent que dans la propre imagination du gouvernement marocain ». « Nous pouvons avoir des idées divergentes, mais l'on doit défendre mutuellement notre droit à la différence », a-t-il soutenu. Pour le président sahraoui, « aucune force au monde ne peut annihiler la volonté d'un peuple fût-il petit, et partant l'empêcher d'exister et de recouvrer sa liberté », estimant qu'un règlement juste du conflit du Sahara-Occidental va certainement « créer une atmosphère d'harmonie, de paix et de coopération entre les pays de la région et serait bénéfique pour tous les peuples de la région ». Mohamed Abdelaziz souhaite que le Maroc se rende compte qu'en déclarant son refus de souscrire à la légalité, notamment à l'organisation d'un référendum d'autodétermination, il « se hasarde vers une escalade dangereuse ».