Pour ne pas se contredire, Amara Benyounès, secrétaire général de l'UDR, assume les répétitions. « Avoir les mêmes positions sur les mêmes questions », dit-il en ouverture de la troisième session ordinaire du conseil national du jeune parti, jeudi 2 juin au centre de vacances de l'UNJA à Sidi Fredj, à l'ouest d'Alger. Plus fort que les communistes inventeurs du « soutien critique » sous Boumediène, plus subtil que le FLN des années de plomb avec le soutien fusionnel, moins torturé que le RND avec son soutien œdipien, l'UDR se réclame d'un « soutien convaincu » au programme du président. Selon son premier responsable, ancien ministre et ex-responsable au RCD, l'UDR n'est ni un comité de soutien ni un strapontin pour emploi ministériel. Ce parti, d'apparence chanceux, né en juillet 2004, évitant l'interdiction tacite d'agrément au Front démocratique de Sid Ahmed Ghozali et au Wafa d'Ahmed Taleb Ibrahimi, reste « acquis à la certitude que le président Bouteflika a imprimé à sa démarche un cap qui sied parfaitement aux exigences démocratiques de notre société ». Amara Benyounès déroule les réalisations du président avant de brocarder le MSP et le FLN, facteurs d'incohérence, selon lui, au sein de l'Alliance présidentielle. « L'alliance présidentielle est un instrument important dans l'application du programme du Président », explique-t-il. Il se désole que M. Bouteflika, pourtant président élu et jouissant des prérogatives constitutionnelles, soit souvent bloqué dans ses réformes par des segments de cette alliance, avec comme dernier opus la réaction du MSP après le projet de transfert spécialités théologiques du secondaire à l'université. « On ne peut être demi-pensionnaire au gouvernement. Un pied dehors, l'autre dedans », fustige-t-il au point que le mot alliance perd tout sens. Même le dernier remaniement ministériel partiel (le septième gouvernement depuis 1999, soit 1,2 gouvernement par an) n'a pas comblé les vœux de cohésion gouvernementale, selon M. Benyounès. Il voit dans les débats suivant la présentation par Ouyahia de sa politique générale à l'APN l'insoutenable légèreté de l'édifice de la majorité parlementaire. Cette exacerbation a-t-elle un lien avec la revendication réitérée par M. Benyounès exigeant l'organisation d'élections générales d'ordre national ? Est-elle partagée en haut lieu ? « Les députés sont plus illégitimes que les maires », largue le SG de l'UDR, citant les « indus élus » locaux, argumentant par extension que « les élections législatives ont connu un taux de participation encore moins significatif que celui des élections locales ». Selon lui, l'objectif de ces élections générales serait d'éviter de singulariser la Kabylie et de « redessiner la carte politique en fonction du poids réel des forces en présence ». Les élections locales et législatives de 2002 ont été boycottées par les archs qui viennent d'obtenir du gouvernement Ouyahia l'accord de dissolution des assemblées locales de cette région. M. Benyounès enfonce le clou en considérant que « la Kabylie n'a pas connu depuis 1997 des élections démocratiques ». Les législatives de 1997, frappées de fortes allégations de fraude massive, avaient hissé à la majorité parlementaire le tout frais RND. Absence de démocratie Les responsables locaux de l'UDR en Kabylie sont appelés par leur responsable « à se tenir prêts à toute éventualité ». M. Benyounès s'empare ensuite du thème de l'amnistie générale, reconnaissant ne pas en connaître les détails. Il pose néanmoins les conditions de son parti pour soutenir ce projet qu'il appuie déjà : « Empêcher que les islamistes ne transforment leur défaite militaire en victoire politique et respecter la Constitution pour parer à la politisation du religieux. » M. Benyounès considère que la sortie médiatique, la semaine dernière à Constantine, de Madani Mezrag, chef de l'AIS (bras armé du FIS, autodissoute), devrait alerter l'opinion publique. « Ni Abassi Madani, ni Ali Benhadj, ni Madani Mezrag ne doivent constituer de parti politique, sinon c'est la guerre civile », tempête-t-il. Au passage, il attaque les ONG dont Amnesty International et les détracteurs nationaux et étrangers de l'amnistie. Il juge que le projet présidentiel réglera la question des disparitions forcées qui selon lui « accapare le débat » bien qu'il se déclare sensible aux douleurs des familles concernées. M. Benyounès réaffirme son opposition à l'emprisonnement de journalistes pour leurs écrits. Mohamed Benchicou, directeur du Matin, bouclera ce 14 juin la moitié de sa peine de deux ans de prison. Le même jour, Kamal Amarni du Soir d'Algérie risquera une année ferme et la liste reste longue. Sur le plan organique, le SG de l'UDR affiche son optimisme. Le parti est présent dans 48 wilayas et 37 ont déjà complété leur structuration avec deux femmes à la tête des sections des wilayas de Guelma et de Constantine. « La structuration prend plus de temps, car le processus de l'élection est plus lent que celui de la désignation », explique Amara Benyounès qui rappelle sa conviction : « Les partis démocrates ont échoué par l'absence de démocratie dans leur fonctionnement. »