Le pays a vécu un week-end très riche en évènements et en initiatives. Preuve en est que les neiges, toujours, annoncent le dégel. Curieux hasard, même s'il n'y en a guère en politique, la fin de la crise du FLN semble avoir «dégelé» une classe politique jusque-là dans l'expectative, dirait-on presque tétanisée. Lors même que le FLN n'a pas fini de rassembler ses rangs puisqu'il doit aller vers des élections au niveau des 56 mouhafadhas que compte le pays avant de recouvrer son aura d'antan, le RND vient de réunir son conseil national ordinaire. Ici, le terme ordinaire ne vaut que pour la désignation officielle. Ce ne serait guère trahir quelque secret que de dire que la guerre de leadership qui oppose ces deux frères ennemis risque de connaître de nouveaux rebondissements à la faveur de ce conseil national durant lequel le RND n'a pas manqué, d'une part, de renouveler son soutien indéfectible au programme du président, et de l'autre, de critiquer, à mots à peine couverts, la démarche actuelle du FLN. Ce n'est pas pour rien, en effet, si Ouyahia a souligné que tous les partis peuvent s'en aller dormir sans que les résultats du prochain référendum n'en soient altérés. Bouteflika, qui tire sa force de mandats populaires, comme il l'a souligné dans sa lettre adressée aux congressistes du FLN, demeure jalousement attaché à son «indépendance», mais aussi à la réalisation de son programme, sans qu'aucun courant y vienne ajouter quoi que ce soit. Sans oser défendre vertement son statut de leader au sein du gouvernement et de l'Alliance, le RND laisse seulement entendre que les choix du président ont été judicieux jusque-là et que le Fln, laissant loin derrière sa crise, n'a pas besoin de venir brouiller les cartes au moment où les choses, au contraire, commencent à rentrer graduellement dans l'ordre. Si le président compte résolument demeurer au-dessus de la mêlée quand bien même il a été amené à accepter le poste de président d'honneur du Fln, les trois partis de l'Alliance présidentielle devraient avoir «une explication» avant la fin de ce mois puisque un sommet est annoncé entre Ahmed Ouyahia, Abdelaziz Belkhadem et Bouguerra Soltani. Nul doute que des décisions importantes seront prises à cette occasion. Il faut s'attendre, en effet, à ce que la stratégie future, notamment pour ce qui concerne la campagne référendaire, soit mise en place. L'objectif recherché, par delà les guerres de leadership interne, est ne pas se laisser distancer par la fameuse commission nationale d'amnistie générale que préside Ahmed Ben Bella, un homme dont le poids moral et le passé de militant en faveur de cette cause ne sont pas à démontrer. Le MSP, conscient de s'être quelque peu laissé distancer sur le plan politique depuis l'échec de sa proposition de loi portant demande de la levée de l'état d'urgence, veut désormais prendre les devants dans les domaines social et économique. Il a ainsi mis en place son propre Cnes avec, à la clé, des propositions techniques visant à garantir la réussite des privatisations massives entreprises depuis peu par les pouvoirs publics. Le Parti des travailleurs, dont les activités organiques et de terrain ne se sont jamais arrêtées, a, quant à lui, réuni son comité central dans le but de tirer, une fois de plus, la sonnette d'alarme. Ce parti est en quelque sorte devenu la formation politique la plus dynamique et la plus forte de l'opposition depuis que le mouvement El Islah a subi de plein fouet les contre-coups de sa crise, avec l'interdiction de la tenue de son congrès, suivie d'un silence gêné de l'ensemble de ses dirigeants, ne sachant peut-être plus à quel «saint» se vouer. Le PT de Louisa Hanoune, qui ne se contente pas de faire de l'opposition de façade, représente une force de proposition très importante. Il constitue également un baromètre très fiable de ce que pense l'Algérie profonde, sachant que les militants du PT, présents sur tout le territoire national, vont véritablement sur le terrain et partagent le vécu quotidien des couches larges et défavorisées de la population. Le FFS, pour sa part, y est allé d'un véritable communiqué vitriolé à l'adresse du pouvoir, signe que ce parti, avec lequel il faudra toujours compter, prépare peut-être son come-back en attendant les prochaines échéances électorales. Le moins que l'on puisse dire, partant, c'est que la scène politique algérienne promet de s'emballer plus encore dans les semaines et mois à venir. Comme si la fin de la crise du FLN a été le signe pour un nouveau départ, mais aussi de nouvelles joutes.