L'économie vit actuellement un bouleversement profond tant au niveau planétaire que régional et local générant une réalité nouvelle et mettant sur le marché de nouveaux concepts et modes de vie. L'économie du savoir et de la connaissance (knowledge economy), la société de l'information (information society) et la société de la connaissance et du savoir (knowledege society) et autant de concepts et modes de développement à la résonance futuriste imprégneront certainement notre réalité future comme l'ont fait déjà, en si peu de temps, Internet, la téléphonie mobile et autres technologies de l'information et de la communication (TIC). Les TIC sont la résultante de trois secteurs longtemps distincts : les télécommunications, l'audiovisuel et l'informatique, ce qui a permis le développement de la société de l'information. Sur les bancs de l'école Je me rappelle du temps où nous étions sur les bancs de l'école, il y a plus de deux décennies déjà, quand on nous inculquait les exploits des grands hommes de sciences (Newton, Pascal, Einstein,... à travers leurs théorèmes et leurs formules), nous avons demandé, un jour, à notre enseignant grec de mathématiques, en prétextant que tout a été découvert, qu'il n'est plus nécessaire d'étudier ou de faire de la recherche. Il répliqua alors avec son air de méditerranéen, en prenant sa craie et en dessinant une courbe exponentielle pour commenter les cycles parcourus par nous, homosapiens, la découverte de la pierre, du bronze et du fer, des machines simples en passant par la révolution industrielle et qui constituèrent chacune une ère qui dura plusieurs siècles. A ce titre, on identifie l'ère de la pierre taillée, l'ère du fer, l'ère du bronze, etc. Notre enseignant se retourna et montra du doigt la poubelle, au coin de la classe, et demanda en souriant : « Savez-vous que c'est M. Poubelle qui a inventé ça ? » On demeura stupéfait, et il rétorqua en demandant : « Savez-vous qui a inventé le magnétoscope et autres accessoires beaucoup plus complexes ? », que nous utilisions déjà à cette époque. Et il conclut : « La science et la création ne s'arrêtent jamais et suivent leur cours en exponentielle, les grandes périodes allant en se tassant et le nombre d'inventions en se multipliant. » Il faut se rappeler qu'à cette époque trouver un article ou un ouvrage nécessitait un travail de recherche et d'exploration titanesque et soutenu, ce n'était pas au bout d'un clic comme on le fait aujourd'hui à l'ère de la révolution numérique. Il faut souligner, pour conclure, que les deux grandes inventions de l'homme ayant généré une révolution dans son mode de réflexion et de communication sont le stylo et l'ordinateur, ce dernier n'étant qu'à ses débuts. L'époque des grandes inventions Quand on pensait à cette époque que tout a été découvert et le plus commun des mortels n'avait pas tort, puisque quelques décades auparavant le président de la commission américaine des inventions avait démissionné de son poste en affirmant que tout avait été découvert (électricité, téléphone, avion, transistor, etc.) et par conséquent, il n'était plus nécessaire d'assumer cette responsabilité. Le gentleman ignorait qu'il assistait à une accélération du processus qui va devenir de plus en plus phénoménal. Par ailleurs et pour l'anecdote, le jeune Bell quand il a inventé le téléphone pour nous, faisant notre joie aujourd'hui, il alla le présenter au maire de New York. Celui-ci crut au départ que c'était le produit de la magie ou de la démence. Bell s'efforça alors d'expliquer que c'est une invention qui bouleverserait le monde et permettrait de communiquer en toute aisance entre les individus sans avoir à se déplacer. Son interlocuteur lui répondit tout simplement qu'il était en bonne santé et qu'il pouvait encore se déplacer entre les bureaux de son état-major ou à travers la ville pour voir ses concitoyens et, par conséquent, il n'avait nul besoin de cette quincaillerie. Bell expliqua alors que cette invention rapprochera des gens distants de plus de 80 miles ! Le maire réfléchit un momentet lui répondit tout bonnement - il faut se mettre dans le contexte de l'époque - qu'il ne connaissait personne à cette distance ! La communication réductrice de distances et le grand village Au départ, le monde nous paraissait vaste et les distances infinies, c'était dû à notre ignorance certes et aux moyens de communication dont on disposait surtout. Ne croyait-on pas avant, des siècles durant, que le monde était infini ? De même, n'arrivera-t-on pas un jour à la conclusion que l'univers est un village à son tour ? N'est-il pas vrai que plus on découvre, plus on se rend compte de l'ampleur de notre ignorance ? Et ne peut-on pas conclure que ce sont les moyens de communication qui réduisent les distances et abolissent les frontières ? Nous allons vers un monde où les distances seront anéanties et les barrières abolies et nous évoluons vers un village où les relations seront plus faciles et la communication plus conviviale. Un village où les gens se croisent sur le net et peuvent se mettre en discussion, travailler ensemble, partager leurs connaissances et leurs bonnes pratiques sans avoir à se déplacer ni avoir la même culture. En effet, il n'est plus nécessaire de se déplacer ou de voyager pour acquérir un produit, avoir l'information ou recevoir un enseignement dans une école se trouvant à plusieurs lieux de chez soi. C'est la réalité, une réalité nouvelle et on doit s'y adapter dès maintenant. Nous évoluons vers la société de l'information et vers la société de la connaissance, sans le savoir peut-être, mais nous sommes conscients de l'effet de globalisation de plus en plus fort définissant l'etat comme la résultante de la tripartite : gouvernance-société civile-secteur privé. L'omniprésence de l'information et le partage de la connaissance devront servir le développement équitable de la société humaine. Dans le cas contraire, le monde sera partagé en deux grands producteurs : le premier d'intelligence (software) et d'équipement (hardware) et le second de main-d'œuvre et d'énergie. Comment sera le monde de demain ? Comment sera l'outil de communication de demain ? Comment communiquera-t-on ? Au milieu de tout ce foisonnement en informations et en connaissances, de telles questions n'ont pas de réponses évidentes et c'est la clairvoyance des décideurs et des politiques qui permettra de satisfaire les aspirations des peuples. L'information est à la base de toute politique de développement et le citoyen en constitue le centre d'intérêt. De la culture rupestre à la culture du net Depuis son apparition sur terre, l'homo sapiens a fait usage de son intelligence, ce qui s'est traduit par sa capacité de la communiquer et de l'immortaliser à travers le temps et l'espace. Aussi, la traçabilité de son existence peut être mise en exergue à travers ses écrits rupestres en passant par les papyrus et autres supports sans oublier les récits oraux des différentes civilisations pour arriver au papier. Ce dernier risquant de céder sa place aux supports électroniques, faisant nos exploits contemporains et qui sont en train de façonner notre culture vers un autre mode, ou monde, de la culture électronique. La culture du net et le contenu électronique sont en train de façonner notre mode de raisonnement. Le support de demain sera peut-être l'ADN, les scientifiques avancent qu'une cuillère à café peut contenir toutes les informations et les bibliothèques du monde entier ! Ou peut-être une extension de notre mémoire en fonction de nos besoins sous forme de greffe ou de stimulation des deux autres tiers du cerveau que nous n'utilisons pas encore ! On peut libérer notre imagination comme l'ont fait nos prédécesseurs, parce que tout commence comme un rêve qui enclenche une réflexion, à son tour deviendra un thème de recherche et qui finira par se concrétiser un jour. Il est clair que la limite est loin de paraître à l'horizon et que la vitesse de croisière n'est peut-être pas encore atteinte. Comme l'a dit Bossuet : « Après 1000 ans d'observation, l'esprit humain n'est pas épuisé. Il cherche jusqu'à ce qu'il puisse trouver jusqu'à l'infini. » Mais à ce train, le gap, le gap numérique en particulier, risque de s'allonger et les analphabètes numériques seront devenus une réalité, à l'instar des analphabètes de l'écrit, risquant de devenir à leur tour un obstacle freinant l'évolution et le développement vers la société de l'information. La société de l'information doit toucher la société dans toutes ses dimensions géographique, culturelle, sociale et intellectuelle. Cela devrait favoriser et impulser une dynamique de changement et de développement afin d'éviter d'avoir une société à deux vitesses, les connectés et les déconnectés. Où sommes-nous dans tout cela ? Une stratégie de développement de la téléphonie a été engagée en Algérie par les pouvoirs publics, à la fin du siècle dernier. il est clair que la situation actuelle aurait pu être atteinte il y a cinq années de cela ; compte tenu des circonstances de l'époque, n'échappant à personne, ce retard a été enregistré. En 2000, la densité téléphonique était de 6% pour passer à 31% en avril 2005, un résultat appréciable, et les pouvoirs publics affichent déjà un objectif de 80% à atteindre d'ici 2010, accompagné d'un projet d'1 million de PC (un PC par famille). C'est optimiste certes, mais qu'en est-il de la connectivité de l'accès à l'information et de la production du contenu électronique ? Une stratégie de développement similaire, à celle de la téléphonie, devrait être engagée pour le développement de la société de l'information et la réduction du gap numérique, en améliorant la connectivité, l'accès à l'information et la production du contenu électronique. L'Algérie dispose d'une infrastructure de télécommunication comportant un réseau en fibre optique avec deux backbones couvrant l'ensemble du pays et un réseau téléphonique 100% numérique qui n'a rien à envier à beaucoup de pays développés. Et dans ce cas, n'est-il pas venu le moment pour que nos e-mails qu'on envoie aux collègues ou aux voisins ne passent pas par des serveurs à l'étranger ? Et réduire, par conséquent, la facture des charges. Les Algériens connaissent bien l'environnement de l'administration locale qu'il s'agisse de la wilaya, de la commune ou du tribunal sans parler des autres secteurs où le contact entre le citoyen et la gouvernance s'exerce, c'est le choc, et pour rendre la situation un peu caricaturale : c'est comme si on a une infrastructure routière excellente et on utilise des moyens de transport et de déplacement primitifs. Des fonctionnaires manipulant des fiches, des registres et parfois leurs machines à écrire poussiéreuses et au mieux des informatosaures oubliés par le temps, générant des pratiques coûtant à l'Etat un budget monumental que nul n'a calculé (papier, dossiers administratifs, délais d'attente, etc.). Or que le tout pourrait être centralisé autour d'une carte digitale qui peut être utilisée de n'importe quel coin du pays, cela paraît utopique peut-être, mais c'est réalisable et c'est une occasion nous permettant de réduire le gap numérique comme l'ont fait plusieurs pays, il suffit de se débarrasser de la crainte du changement et avoir le courage d'évoluer. Ainsi, on réduira ces embouteillages interminables dans nos grandes villes, et l'enseignement sera de meilleure qualité dans les endroits reculés et les pouvoirs publics optimiseront les coûts de gestion du citoyen pour l'utiliser dans d'autres secteurs de développement, tels que la santé, l'enseignement, l'agriculture, etc. On ignore encore le taux d'analphabétisation numérique et on connaît encore moins la quantité du contenu électronique produite dans le pays. Il est temps d'en parler et de commencer à travailler sur ces thèmes pour pouvoir amorcer une politique de développement durable et de s'engager efficacement dans la société de l'information.