Le Conseil national économique et social (CNES) se projette d'ores et déjà dans l'après-pétrole, et ce, en préparant un rapport sur l'économie fondée sur la connaissance (EFC). C'est du moins ce qui en est ressorti hier, lors de la troisième réunion du comité ad hoc installé à cet effet et présidé par l'économiste Abdelmadjid Bouzidi. Faisant suite au symposium tenu récemment en partenariat avec la Banque mondiale, le CNES, dont la commission installée a fixé hier le canevas de réalisation du rapport, compte le finaliser en avril 2008. Expliquant le choix d'un thème en vogue dans les pays développés et faisant désormais partie de sa feuille de route, les experts du CNES ont tour à tour présenté l'EFC comme « un nouveau paradigme de développement à même de se substituer à l'économie rentière et préparer l'après-pétrole », tout en soulignant que loin de « tirer des plans sur la comète » ou verser dans des débats d'école, les instituions algériennes sont en train de se mettre à cette nouvelle économie. Pourquoi l'EFC en Algérie ? Pour M. Bouzidi, l'Algérie accuse un retard flagrant dans le domaine, alors que le Maroc s'est déjà mis à l'EFC depuis 2001 et la Tunisie en 2004. L'économie fondée sur la connaissance (en anglais : The Knowledge-Based Economy), comme son nom l'indique, suggère une période de transformation profonde du système économique actuel, et ce, dans un contexte où l'information devient abondante et la connaissance un facteur de compétitivité. De nombreux économistes considèrent, en effet, que cette économie de « l'immatériel » est un facteur déterminant dans la croissance des économies. L'innovation, les institutions, l'éducation et les TIC représentent quatre piliers de la connaissance. Selon un rapport de la BM sur Algérie, il en ressort que les indicateurs de degré de préparation à l'EFC sont d'un « niveau bas ». Les raisons objectives citées pour se mettre à l'EFC sont, entre autres, la disponibilité d'un potentiel de capital humain et intellectuel ; un potentiel de connaissances tacites non codifiées très important ; nécessité de diversification vers des activités à haute valeur ajoutée ; montée de la pauvreté ainsi que les problèmes d'environnement. Le rapport cite aussi des facteurs externes liés notamment aux engagements internationaux de l'Algérie (accords d'association et ZLE, adhésion à l'OMC) et une compétition mondiale fortement inscrite dans la connaissance. Le CNES en voie de recomposition Parmi les problèmes cités et repris à juste titre par les experts du CNES, des problèmes de dysfonctionnement dans les 3 piliers tout en mettant l'accent sur l'éducation et l'innovation. Les critères de gouvernance sont jugés « en deçà des normes », alors que l'absence d'une vision globale de l'économie de la connaissance, en optant pour des approches sectorielles et cloisonnées, est fortement soulignée. Et pour y remédier à la situation et se mettre à l'EFC, les experts du CNES ont estimé nécessaire qu'un projet d'une économie basée sur la connaissance soit pris en charge au plus haut niveau de l'Etat. Apostrophés sur l'utilité d'un rapport sur l'EFC, alors que l'Algérie vient d'être sévèrement critiquée par des rapports internationaux sur des thèmes d'une actualité brûlante tels que la corruption, le climat des affaires en Algérie ainsi que le recul des libertés syndicales, un expert de la commission a indiqué que le rôle du CNES est « d'être en avance », tout en estimant que l'EFC n'est pas uniquement de l'économie, mais induira un « changement sociétal ». Cependant, nos tentatives ont étés vaines d'avoir l'avis des membres de la commission sur l'opportunité de consacrer 3 milliards de dollars pour la construction d'une mosquée dans un pays qui se projette dans une économie fondée sur le savoir et la recherche scientifique, et dont les universités et les chercheurs se débattent dans un marasme sans précédent. Cela dit, et revenant aux débats de l'heure, le président du CNES, Mohamed Seghir Babes, a indiqué qu'une conférence de presse de présentation du rapport de conjoncture 2007 sera tenue après l'Aïd. Quant à la session plénière du conseil qu'il préside, M. Babes a affirmé que celle-ci interviendra une fois la recomposition de la composante du CNES achevée. Et de rappeler que plusieurs membres ont largement dépassé leur mandat.