Spectacle politique parfait et mise en scène édifiante. Hier au siège national du MSP, dans la capitale de la République, les trois chefs des partis de l'Alliance présidentielle se sont succédé à la tribune pour livrer à l'assistance, composée de leurs cadres et des gens de la presse, des discours noyés dans la « langue de bois » et dans les « formules protocolaires » dignes des rencontres des années 1970 sous l'égide du parti unique, préférant ainsi laisser leurs « divergences » à la lucidité et à la perspicacité de la foultitude de journalistes présents. Pour commencer, la parole est donnée à Abdelaziz Belkhadem qui a présidé cette entité politique depuis le 27 février 2005 et qui remettra son mandat aussitôt son intervention finie. Les clés de la présidence de l'Alliance ont été remises à Bouguerra Soltani, président du MSP, pour un mandat trimestriel. Le secrétaire général du FLN vante les réalisations de l'Alliance sous sa coupe et s'est félicité d'avoir pu ramener les groupes parlementaires des trois partis à adopter des positions communes sur des dossiers de réforme importants tels que la nouvelle loi sur les hydrocarbures. Tout en soulignant les mérites d'un FLN nouvellement unifié (début février 2005), M. Belkhadem - qui s'est attaqué jeudi 2 juin à Ahmed Ouyahia et sa formation, le RND - s'est plaint du manque de « coordination au sein des assemblées locales ». Le chef en second du vieux parti a oublié de revenir sur ce qu'il a qualifié de « complot contre le FLN ». Il s'est juste contenté d'appeler, sourire timide à la bouche, qu'il faut « consacrer plus de concertation et d'animation entre les trois formations au sein des assemblées élues », avant de souligner la nécessité de « s'éloigner des manœuvres ». Quelles manœuvres ? « J'ai déjà expliqué à mes amis des deux autres partis ce que je veux dire par manœuvres », a-t-il enchaîné, sans donner plus de détails. Il dira ensuite : « Les trois partis de l'Alliance doivent se concerter sur toutes les grandes questions nationales. Et il faut, à chaque fois, sortir avec une position commune, partagée par les trois formations, afin d'éviter qu'une autre décision ne pèse sur notre travail à l'avenir. » Poursuivant son intervention, M. Belkhadem a indiqué que « le dernier remaniement partiel du gouvernement a laissé de bonnes et de mauvaises impressions au sein de notre base militante ». Sans plus ! Il a ajouté que « le processus de réconciliation nationale qui sera sans doute couronné par une amnistie générale a été accueilli positivement par notre base ». Message voilé pour Ouyahia dont le parti ne s'est pas encore exprimé clairement sur ce projet d'amnistie ? Il s'est adjugé d'avoir défendu la liberté d'expression, notamment en fêtant avec la famille de la presse la Journée mondiale de la liberté de la presse et de continuer à la défendre dans le respect des règles de l'éthique. Ahmed Ouyahia, secrétaire général du RND, a insisté sur la « bonne santé » de l'Alliance présidentielle. « Vous voyez que nous sommes toujours là ensemble et pour longtemps », a-t-il lancé à l'adresse des journalistes. M. Ouyahia n'a rien dit, mis à part de « travailler encore et encore » pour concrétiser le programme du président de la République sur le terrain. Bouguerra Soltani a, quant à lui, relevé l'existence de divergences sur certains points sans toutefois, toujours selon lui, que cela pèse sur l'union des trois partis qui « se consolide de plus en plus ». Pour lui, « ces mêmes divergences sont un signe de la vitalité de notre alliance ». Elections anticipées Pour M. Soltani, la position du MSP sur la suppression du bac sciences islamiques est toujours la même. « Nous ne changeons pas de position et nous sommes toujours contre cette disposition qui touche à l'une des constantes nationales, à savoir l'islamité telle que définie dans la Constitution », a-t-il précisé, tout en se disant confiant en « l'arbitrage du président de la République lorsque le texte de cette réforme passera au Conseil des ministres ». « Nous lui demandons de tenir compte de notre Constitution et de bloquer cette disposition », a-t-il ajouté. M. Soltani n'a pas hésité à agiter l'éventail du retour « des mosquées sauvages » et de l'enseignement « déformé » de l'Islam, au cas où l'Etat renoncerait à enseigner « les sciences islamiques ». M. Soltani a insisté, en outre, sur la nécessité d'« intensifier les concertations sur les grands dossiers ». Il a relevé certains dossiers, sur lesquels les trois partis ne se sont pas concertés, tels que la question des élections anticipées en Kabylie, la campagne « Mains propres ». Remarque adressée directement au chef du gouvernement Ahmed Ouyahia, également son partenaire au sein de l'Alliance. Ainsi, après plus de trois heures de discussions à huis clos, les trois chefs de parti ont adopté une déclaration finale, dans laquelle ils se sont mis d'accord, entre autres, sur l'organisation des élections locales anticipées dans la région de Kabylie, d'élargir leur travail de coordination aux assemblées locales.