Ce qui fait la spécificité de cette commune très peuplée, c'est tout d'abord le nombre effrayant de commerces illicites qui se multiplient à mesure que le temps passe. Ces commerces ont d'ailleurs évolué au point de devenir un véritable marché. L'un des plus grands de la capitale, en fait. Durant les années 1990, des dizaines de jeunes se regroupaient dans un espace plus ou moins restreint pour vendre différents produits. Ce petit marché aux puces qui ne dérangeait presque personne commençait alors à s'élargir. Il faut dire que le taux élevé du chômage qui caractérise cette localité a été l'un des principaux facteurs à l'origine de l'élargissement du petit marché qui débordera, tout d'abord, sur les trottoirs mitoyens, avant d'occuper toute la rue au détriment de la circulation automobile et de celle des piétons. Véritable « cour de miracles », ce gigantesque et non moins encombrant marché est peuplé de commerçants proposant toutes sortes de produits. Ne dérogeant pas aux règles du développement des marchés, même les plus illicites d'entre eux, celui de Bachedjarah attire désormais des commerçants, mais aussi des flâneurs d'autres localités parfois très éloignées. La commune de Bachedjarah, qui n'a jamais été citée pour sa beauté, n'en est devenue que plus laide. Evoluant dans une cacophonie sonore et visuelle, cet « espace commercial » représente un véritable casse-tête, non seulement pour les autorités locales, mais aussi pour les riverains. Manque à gagner en matière de fiscalité pour la municipalité, concurrence déloyale pour les magasins mitoyens et sources de nuisance en tous genres pour les habitants, ce marché est un véritable concentré de problèmes sans parler des rixes et autres agressions trop fréquentes pour être tolérées. Après avoir exprimé, à plusieurs reprises leur ras-le-bol, les riverains en sont arrivés aux mains avec les commerçants. De véritables bagarres rangées se sont produites il y a deux ans, mais rien n'a changé. Plus tenaces que jamais, ces commerçants continuent à écouler leur produits dans ce même marché. A la tombée de la nuit, le marché fait penser à un véritable champ de bataille. Des cartons et différents autres débris jonchent le sol, faisant immanquablement penser au passage d'un ouragan. Durant de longues années, le transport a également été un épineux problème auquel il fallait trouver une solution. Entre 1996 et 2004, la station de bus se trouvai juste au pied des immeubles du centre de Bachedjarah. Outre l'anarchie qui caractérisait cette station, la nuisance sonore provoquée quotidiennement par les bus a poussé les riverains à saisir les autorités locales. Ne trouvant pas d'échos auprès de l'APC, les habitants ont littéralement délogé les transporteurs à coups de gourdin et de pierres. L'intervention des autorités a permis d'éviter le pire en délocalisant la station à plus d'un kilomètre du centre-ville. Si cette solution a permis de réduire l'encombrement au centre de Bachedjarah, elle n'a pas été du goût de la plupart des transporteurs qui se sont retrouvés relativement éloignés de leurs usagers habituels. Bachedjarah est aussi une commune qui a connu beaucoup de changements, notamment en matière d'investissement. Inexistants il y a seulement quelques années, les magasins, les centres commerciaux et les cybercafés sont de plus en plus nombreux dans cette petite localité, beaucoup plus connue pour ses cités-dortoirs qui n'offraient pratiquement aucune forme de loisirs à ses habitants. C'est probablement l'un des points positifs de Bachedjarah. La largeur de son boulevard principal réduit, d'autre part, le nombre de bouchons. L'état des trottoirs laisse toutefois à désirer. Déformations et nids-de-poule représentent de véritables obstacles pour les personnes âgées et les parents qui transportent leurs enfants dans les poussettes. Ces derniers sont souvent contraints d'emprunter les voies réservées aux véhicules, qui sont dans un état plus ou moins acceptable pour éviter de trop secouer leur progéniture. Même chose pour les personnes en fauteuil roulant. Les passerelles mises à la disposition des piétons ne sont presque jamais utilisées. Chaque soir, des groupes de jeunes se réunissent sur ces passerelles, utilisant les marches comme de simples bancs. Bachedjarah, c'est aussi une commune où des immeubles poussent à une grande vitesse même si les terrains à exploiter ne sont pas très nombreux. Paradoxalement, la construction de certains immeubles a été interrompue vers la fin des années 1980. Ceux-ci sont d'ailleurs restés inachevés pendant de nombreuses années en raison de problèmes liés au manque de financement. Au moment où certains ont réussi à s'enrichir de façon très rapide, d'autres vivent dans la plus grande misère. Les bidonvilles et autres constructions précaires représentent aussi l'autre facette de la réalité de cette commune. Avec ses points noirs et ses changements positifs, Bachedjarah est une commune qui connaît des mutations continuelles. Au-delà des aspects positifs ou négatifs qu'elles revêtent, ces mutations font de Bachedjarah une cité « active » jusqu'à l'ébullition.