Les agissements de ces adeptes du «commerce de la valise» ont provoqué une véritable saignée au Trésor public. «L'administration des Douanes tient à rappeler à l'ensemble des voyageurs qu'au sens de la législation douanière, toute marchandise revêtant un caractère commercial, importée par ces derniers, est interdite et sera systématiquement saisie, outre l'établissement d'une procédure contentieuse pour infraction douanière». Tel est le contenu d'une décision qui, le moins qu'on puisse dire, s'est longtemps fait désirer et pour que son application de façon quasi officielle, par les agents des Douanes algériennes, soit effectivement mise en branle. Ouf! il y va de la santé économique du pays. Cette mesure est désormais en vigueur, depuis lundi dernier, du fait de son adoption par l'administration des Douanes qui a rendu publique une telle mesure dans un communiqué officiel. Assurément, cette nouvelle «interdiction» équivaut à un sérieux coup de pied asséné par l'administration des Douanes dans la fourmilière des «marchands de la valise» qui ne cessent d'alimenter le marché informel algérien en produits de tous genres, de provenance souvent de circuits parallèles, pour ne pas dire issus de la contrefaçon. Faut-il souligner que la pratique de ces derniers a beaucoup évolué depuis son apparition en Algérie. Cependant, il y a lieu aussi de préciser que c'est vraisemblablement au plus fort du terrorisme que le phénomène du «commerce des valises», en Algérie, a atteint des pics vertigineux, eu égard aux lots importants de produits de toutes espèces, acheminés illicitement de l'étranger, notamment la Turquie, la Tunisie, le Qatar, l'Europe et autres, et ce, pour être écoulés également de façon illicite sur le marché algérien. Même s'il demeure impossible pour l'heure de donner la moindre information sur le nombre de commerçants, bourlingueurs d'un pays à un autre en quête de marchandises à proposer aux consommateurs algériens, il n'en demeure pas moins que les agissements de ces adeptes du «commerce de la valise» ont provoqué une véritable saignée au Trésor public. D'ailleurs, n'est-ce pas à cause de cette activité illicite que le marché algérien s'est retrouvé inondé de produits cosmétiques de toutes marques et de tenues vestimentaires de tous genres que l'on retrouve étalés ici et là, sur les trottoirs de beaucoup de villes algériennes? Bref, si le marché informel en Algérie représente un taux d'au moins 60% du marché régulier global, cela est dû en grande partie à l'activité prolifique des commerçants de la valise. Ceux-ci parviennent toujours à passer entre les mailles des filets mis en place par les services des Douanes en raison des complicités dont ils disposent notamment au niveau des ports et aéroports du pays, sinon en exploitant à leur profit les vides juridiques existants en la matière. Et c'est d'ailleurs dans le souci de parer à ce genre de manquement juridique que l'administration des Douanes a opté pour la mesure interdisant aux voyageurs d'importer toute marchandise à caractère commercial, lequel voyageur sera aussitôt taxé de «fraudeur» au cas où il est surpris en possession de tels articles, et par voie de conséquence sera traduit devant la justice. «Seuls les objets et effets personnels, dont le voyageur peut avoir raisonnablement besoin pour son usage personnel, sont autorisés en franchise des droits et taxes», ajoute l'administration des Douanes dans son communiqué marquant la fin du règne des commerçants de la valise qui, faut-il le dire, se sont constitués de grosses fortunes en s'érigeant comme de véritables pourvoyeurs du marché informel algérien. Par ailleurs, il semble utile de rappeler que cette mesure d'interdiction d'importation de toute marchandise destinée à des fins commerciales, intervient à la suite de la déclaration faite à partir de Tébessa par le nouveau patron des Douanes, M.Mohamed Bouderbala, où il est question justement de renforcer le dispositif de lutte contre la contrebande par la mise en place de nouveaux moyens de lutte très rigoureux. Ce dispositif, a-t-il précisé, est caractérisé par la multiplication, à travers toutes les bandes frontalières du pays, de nouveaux postes d'observation et de surveillance, équipés d'outils de travail sophistiqués, dans le but de détecter et limiter tout mouvement de contrebande. «Des postes frontaliers seront, eux aussi, dotés d'équipements nécessaires, tels que les scanners et autres moyens», a conclu le nouveau patron des Douanes.