Fidèle a sa logique politique, le président palestinien, Mahmoud Abbas, a obtenu des factions palestiniennes le maintien de la trêve dans leurs attaques contre Israël, décidées au mois de février dernier. Certains mouvements comme le Hamas et le Djihad islamique ont toutefois insisté sur leur droit de riposter aux agressions israéliennes. Au cours de cette réunion qui s'est achevée hier, à Ghaza, Abou Mazen semblait décidé de tout faire pour que le retrait israélien, prévu au mois d'août prochain, s'effectue sans encombres. « Nous devons maintenir l'accalmie en dépit des provocations continuelles israéliennes », a déclaré M. Abbas. « Si nous voulons parvenir à la paix et à la sécurité, il est de notre intérêt national de maintenir l'accalmie », a-t-il ajouté. En Israël, tout semble indiquer que l'Etat hébreu est, pour sa part, décidé à appliquer le plan de désengagement unilatéral d'avec les Palestiniens, qui prévoit un retrait de la bande de Ghaza, où sont implantées 21 colonies juives, habitées par 8000 colons, comptés parmi la tranche israélienne la plus extrémiste et de quatre colonies isolées dans le nord de la Cisjordanie occupée. Ce retrait a été validé, jeudi, par la haute cour de justice israélienne. Dix juges sur les onze de cette plus haute juridiction israélienne ont affirmé que ce retrait était légal. Cette cour a aussi entériné la loi d'indemnisation des colons. Chaque famille de colons évacuée doit toucher des indemnités se situant entre 200 000 et 400 000 dollars, selon des critères tenant compte de la durée de leur séjour, de la superficie de leur logement et du nombre de leurs enfants. La direction des colons du Ghoush Katif, bloc de colonies au sud de la bande de Ghaza, a dénoncé dans un communiqué « l'arrêt malheureux » et « discriminatoire » de la Cour suprême. Au niveau de la société israélienne, ce plan semble de plus en plus contesté. Un sondage publié par le quotidien israélien Yediot Ahronot vient confirmer une tendance récente indiquant une baisse importante du soutien au retrait et une augmentation du nombre de ses opposants. Ce sondage a été réalisé jeudi après la décision de la haute cour de justice. Il en ressort que 53% des personnes interrogées sont en faveur du retrait alors qu'ils étaient 69% en février dernier. En revanche, l'opposition au retrait passe de 27 à 38% d'opinions favorables. Dans la matinée de jeudi, le ministre israélien de la Défense Shaoul Mofaz et le nouvel homme fort du gouvernement palestinien, le ministre de l'Intérieur et de la Sécurité nationale Nasr Youssef ont mis fin aux désaccords qui risquaient de compromettre le plan de retrait israélien. Ils ont décidé une coordination des mesures de sécurité entourant le début de l'opération en août. Cet accord survient après une série d'échecs, dont le dernier date de lundi passé où la délégation palestinienne s'est retirée d'une réunion d'experts à cause du refus israélien de fournir des cartes détaillées du réseau électrique et du système d'adduction d'eau dans les colonies qui seront évacuées. L'accord israélo-palestinien intervient en dépit de la continuelle fragilisation de la trêve par le côté israélien, dont les forces ont tué, mardi, cinq Palestiniens dans les territoires occupés, dont un chef du Djihad islamique. Quatre militants du Hamas ont de leur part échappé à la mort, lorsqu'un drone israélien (avion sans pilote) a raté (chose rare) leur voiture, mercredi, dans le sud de la bande de Ghaza. « Si Israël continue à faire ce qu'il fait, il sera difficile de contrôler la situation », a estimé M. Chaâth. « Pour notre part, nous sommes toujours engagés à maintenir le calme. Et le mouvement Hamas, en dépit de ce qui s'est passé, a affirmé qu'il maintenait son engagement », a dit le responsable palestinien. Les Palestiniens toutes mouvances confondues veulent, à l'approche de la date du retrait israélien, montrer que la balle est désormais du côté de l'occupant.