Le président de la République sahraouie arabe démocratique (RASD), Mohamed Abdelaziz, a réaffirmé, hier à Alger, la poursuite de la lutte « de non-violence » dans les territoires occupés du Sahara-Occidental et au Maroc. « Les manifestations, les grèves et les sit-in se poursuivront pacifiquement » pour exiger « la libération des prisonniers politiques » et « l'organisation d'un référendum d'autodétermination », a précisé M. Abdelaziz, lors d'un forum organisé par le quotidien El Bilad. Devant l'insistance des journalistes sur l'éventualité de la reprise de la lutte armée si le statu quo demeure toujours, Abdelaziz a lancé : « Les canons et les fusils se sont tus, mais pas les voix du peuple demandant son autodétermination. » Le secrétaire général du Front Polisario estime que c'est là « un message au Maroc qui reste dans sa politique de fuite en avant et à la communauté internationale » des Sahraouis « rejetant le fait accompli ». Mohamed Abdelaziz dira : « Nous sommes dans une étape de lutte pacifique en espérant que le Maroc ne nous poussera pas à reprendre les armes. » Par ailleurs, M. Abdelaziz a qualifié de « préoccupante » et « explosive » la situation qui prévaut dans les territoires occupés du Sahara-Occidental. « Les manifestations, qui se sont déroulées entre le 23 et le 29 mai dernier au Sahara-Occidental et au Maroc, ont été caractérisées par une répression violente des autorités marocaines », a-t-il regretté. Résultat : « Plusieurs citoyens ont été enlevés et torturés », selon lui. Abdelaziz a affirmé encore que « les autorités marocaines ont accentué leur machine répressive face aux manifestations sahraouies par lesquelles ils exercent un droit légitime, celui de leur liberté ». Abdelaziz parle d'un climat de tension au point qu'il craint que les forces d'occupation marocaines ne commettent un génocide contre les populations sahraouies. C'est ainsi que face à cette situation, déplorant le quadrillage des territoires par les forces d'occupation marocaines, le SG du Front Polisario a renouvelé son appel « urgent » à la communauté internationale pour faire pression sur le Maroc et venir en aide pour protéger les vies humaines et créer des conditions nécessaires à même de permettre aux populations sahraouies d'exercer leur droit légitime. Non sans omettre d'inviter une nouvelle fois l'ONU et le Conseil de sécurité de l'ONU à assumer leurs responsabilités dans le parachèvement de la décolonisation en permettant au peuple sahraoui son droit inaliénable à l'autodétermination à travers un référendum. « L'ONU et le Conseil de sécurité doivent prendre leurs responsabilités au Sahara-Occidental, comme ils l'ont fait dans d'autres parties du monde », a-t-il dit. Il a, par la suite, appelé le secrétaire général des Nations unie à nommer un nouveau représentant au Sahara-Occidental en remplacement de James Baker qui a démissionné en 2004 à cause de l'intransigeance du Maroc. Comme il a demandé à Kofi Annan de pourvoir au poste de représentant spécial au Sahara-Occidental, devenu vacant après qu'Alvaro De Soto eut été nommé pour d'autres fonctions. Interrogé au sujet de la visite qu'a effectuée la semaine dernière le secrétaire d'Etat espagnol aux Affaires étrangères, M. Abdelaziz a soutenu que l'intérêt qu'a témoigné le gouvernement espagnol à la question sahraouie est positif. Selon lui, « l'Espagne dans le contexte actuel peut jouer un grand rôle ». Abdelaziz n'a pas voulu par ailleurs commenter plus la visite que doit affecter, les 21 et 22 juin, à Rabat, il s'est juste contenté de dire que cette visite s'inscrit dans le cadre du renforcement des relations entre les deux pays. Quel rôle peut jouer la France dans ce conflit ? Pour Abdelaziz, la France a une grande responsabilité dans ce qui s'est passé depuis 1976 à ce jour au Sahara-Occidental. Sur un autre registre, Mohamed Abdelaziz a appelé le groupe pétrolier Kerr McGee à se retirer et à ne plus opérer au profit du Maroc au Sahara-Occidental en attendant la résolution du conflit.