Le financement du projet de l'autoroute Est-Ouest, estimé à 7 milliards de dollars, sera entièrement pris en charge par l'Etat algérien. C'est ce qui ressort du message adressé, hier, par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, aux participants du séminaire international consacré au plus grand chantier de l'Algérie indépendante. Un projet pharaonique qui, une fois concrétisé, permettra de relier les deux extrémités de la bande nord du pays sur une distance de 1216 km. Les 150 entreprises étrangères présentes, hier, au séminaire inauguré conjointement par les ministres des Travaux publics, Amar Ghoul, et des Finances, Mourad Medelci, ont pris acte du quitus présidentiel qui n'a été que réitéré puisque la décision a été prise le 20 février 2005. Même si les jeux ne sont pas encore faits, en ce sens que l'appel d'offres international sera lancé en septembre 2005, les opérateurs étrangers sont inéluctablement les mieux placés pour la réalisation de l'ouvrage. « Il est évident que pour mener à terme, et dans des conditions optimales, cette œuvre gigantesque, nos capacités en moyens de réalisation sont nettement insuffisantes », relève le chef de l'Etat. Ainsi, les recommandations présidentielles suggèrent que « l'investissement (du projet) sera accompagné par l'implication de partenaires étrangers compte tenu des avantages que nous leur offrons ainsi que la solvabilité financière de l'Algérie ». Le même discours sera tenu par le grand argentier du pays, Mourad Medelci, dont la présence à ce séminaire n'avait rien de protocolaire. Après avoir brossé un reluisant tableau sur la situation financière de 2004, Mourad Medelci dira que la tendance, pour le seul premier trimestre de 2005, affiche un excédent commercial de 5,2 milliards de dollars américains. Et de rappeler que le niveau des réserves brutes de change a atteint plus de 46 milliards de dollars américains à la même période. Le ministre des Travaux publics a rassuré également l'assistance sur la question foncière. « Nous avons déblayé le terrain en finalisant le dossier des expropriations. Dans ce chapitre, nous avons consacré une enveloppe de 10 milliards de dinars et je peux vous dire que la majeure partie des dossiers a été négociée à l'amiable », dit-il. Et de poursuivre : « Pour les cas litigieux, la force devrait revenir à la loi. » Le projet devra créer 100 000 emplois en phase travaux. Et ces travaux nécessitent 100 millions de mètres cubes de mouvement de terre, 20 millions de mètres cubes d'agrégats et plus de 20 millions de tonnes d'enrobé (bitume). L'autoroute Est-Ouest comprend la réalisation de 390 ouvrages d'art, dont 25 viaducs et 11 tunnels. 60 échangeurs seront construits, accompagnés d'aires de repos, de relais, de stations-services ou encore de points de maintenance. Le projet est sectionné en trois grandes parties : Centre (de Chlef à Bordj Bou Arréridj), Est (de Bordj Bou Arréridj aux frontières tunisiennes) et Ouest (de Chlef aux frontières marocaines). A ce jour, un tronçon de 300 km est en cours d'achèvement, dont plus de 100 km sont déjà livrés à la circulation. Plus de 900 km restent à réaliser. « Il y aura donc du travail pour toute entreprise qui répondra aux critères contenus dans le cahier des charges. Les entreprises peuvent s'organiser en consortium et auront la latitude d'engager des entreprises algériennes dans le cadre d'un partenariat », ajoute Ghoul. Le ministre des Travaux publics a par ailleurs insisté sur la dimension maghrébine, méditerranéenne et continentale de l'autoroute. L'axe entre les deux frontières tunisienne et marocaine s'intègre dans le grand projet de l'autoroute maghrébine, longue de 7000 km et qui reliera Nouakchott à Tripoli.Les entreprises présentes au séminaire sont issues de tous les continents avec une tendance prononcée pour les Américains, Français, Italiens, Espagnols et Turcs. Le SGP (ex-holding) Travaux publics n'a pas raté le rendez-vous. « Nous représentons 23 entreprises (publiques), dont 13 sont exclusivement versées dans les travaux routiers. Nous disposons de capacités qui n'ont rien à envier à celles des grandes entreprises d'outre-mer, à l'exemple de celle de l'historique Sonatro. Sans compter que nous avons nos propres carrières d'agrégats tout au long du tronçon. Il n'y a donc aucune raison pour que nous ne soyons pas retenus. Nous sommes incontournables », nous a déclaré M. Abada, membre du directoire du SGP.