La France a fêté, hier, le retour de notre consœur du quotidien Libération Florence Aubenas, après 157 jours de captivité. Après l'émotion des retrouvailles, place aux interrogations et à la polémique. Les rumeurs empoisonnent malheureusement la joie du retour. Les espions roumains seraient de la partie... D'abord la fête. Les portraits de notre consœur Florence Aubenas et de son guide irakien Hussein Hanoun ont été enlevés, dans la nuit de dimanche, de la place de la République. Une fête improvisée a réuni plus d'un millier de personnes, non loin du siège de Libération. Dès son atterrissage à Villacoublay, près de Paris, Florence Aubenas a été dirigée vers un centre de repos des services secrets français (la DGSE) où elle devrait être débriefée. La polémique sur les conditions de la libération de Florence Aubenas et de Hussein Hanoun n'a pas cessé de prendre de l'ampleur. Y a-t-il eu versement de rançon ? A qui ? Le sulfureux député UMP Didier Julia a-t-il joué un rôle dans les négociations ? Les ravisseurs de Florence Aubenas et de Hussein Hanoun sont des islamistes antiaméricains et « plutôt modérés », affirme le guide de la journaliste française dans Le Monde du 14 juin. « Tout ce que je sais, c'est qu'ils sont sunnites et salafistes, plutôt modérés. Ils ont été très gentils avec moi tout au long de notre détention. Ce sont des patriotes islamistes irakiens. » Cette polémique rejette malheureusement en arrière-fond la libération tant attendue de Florence Aubenas. Le patron de Libération, Serge July, estime que Didier Julia « a gêné comme d'habitude ». « Il a interféré, comme il avait interféré dans l'affaire de Christian Chesnot et Georges Malbrunot. Il a gêné, j'ai envie de dire, comme d'habitude. La libération n'a pas été faite par une police parallèle, par une diplomatie parallèle. On est dans une situation classique où ce sont les ravisseurs qui libèrent les otages. Cela suppose des tractations, cela suppose de trouver un accord avec eux, de sorte qu'à la fin ils libèrent les otages. » Concernant les affirmations de la journaliste roumaine qui déclare avoir passé un mois dans la même cellule obscure avec Florence Aubenas, Serge July a refusé de faire le moindre commentaire, même si la principale intéressée avait démenti catégoriquement cette information, peu après son arrivée en France. Cette information a été confirmée. Autre zone d'ombre. Pour sa part, la presse de Bucarest soulignait lundi le rôle des « réseaux Ceausescu » des services secrets roumains dans la libération de Florence Aubenas et de son guide irakien avec lesquels se seraient trouvés les trois ex-otages roumains durant un mois et demi de séquestration. Le quotidien Cotidianul estime que les otages roumains libérés le 22 mai ainsi que leur collègue française « doivent énormément aux réseaux de l'ex-dictateur communiste, constitués d'anciens étudiants irakiens en Roumanie ». Pour ce journal, Bucarest a « dû faire appel aux agents de la Securitate (police politique communiste) ». « Pour négocier la libération de Florence Aubenas et de son guide irakien Hussein Hanoun, les autorités françaises ont utilisé ce même réseau de Ceausescu », affirme le journal.