Depuis le 1er juin, se tient à la Bibliothèque nationale d'Algérie (BNA) à El Hamma (Alger) une exposition de gravures de l'artiste peintre et graveur Abderrahmane Aïdoud. L'exposition est de « taille douce ». En d'autres termes, elle présente trois techniques quant à la réalisation des gravures, à savoir la technique de la pointe sèche traduite par une taille avec une pointe à l'aide de laquelle l'artiste grave sur une matrice en cuivre, en zinc ou en plomb, entre autres. Il y a aussi la technique de l'eau-forte où l'artiste utilise des acides pour graver et enfin l'aquatinte, qui sert à obtenir des effets spéciaux. La plupart des 71 gravures exposées à cette occasion sont réalisées en eau-forte, soit les aquatintes. « La gravure exige de la rigueur dans la technique. Cela ne veut pas dire qu'il faut rester prisonnier de la technique quant à la réalisation de ces œuvres. Il y a aussi cette nécessité de garder la spontanéité et la fluidité dans l'expression. Je ne travaille pas sur un thème bien précis. Cela dit, j'ai mes repères historiques et philosophiques qui nourrissent cette recherche de l'esthétique idéale, laquelle est en fait infinie », explique Abderrahmane Aïdoud, rencontré sur les lieux. En ce sens, toute œuvre est un éternel recommencement, « comme si on court derrière quelque chose, sachant qu'on ne l'attrapera jamais ». Dans cette quête de l'insaisissable, l'artiste n'utilise que deux couleurs, le noir et le blanc, pour créer l'équilibre entre l'ombre et la lumière, et l'harmonie des contrastes. D'où le titre de l'exposition Entre ombre et lumière. Le signe algébrique de la multiplication est perçu dans la majorité des gravures. Il s'agit, selon le même interlocuteur, d'un signe « universel doté d'une grande charge symbolique et culturelle. C'est le signe du féminin, de la fécondité et du nihilisme ». C'est ce qui est relevé dans les gravures Signes absolus, Une lune brouillée et Tatouage cicatrisé, à titre d'exemple. Les formes géométriques reviennent dans plusieurs œuvres. Pour l'artiste, tout ce qui est dessiné provient de ces formes. Le triangle « exprime la transcendance et comprend une dimension spirituelle. Il rappelle aussi la pyramide avec ses hiéroglyphes ». C'est ce qui est reflété dans la gravure intitulée Ombre et lumière. Le thème importe peu, ajoute la même voix. Ce qui « m'intéresse, dans cette quête, c'est comment traduire et interpréter l'œuvre de manière à ce qu'elle donne une réponse au regard interrogateur ». La présence de figures humaines y est significative. Mais il s'agit d'une présence discrète, sans pour autant se réduire à une expression édulcorée. C'est ce qui est constaté dans Folle la nuit, Dédoublement, Fraternité, Songe et Hamourabi, entre autres. La figure « signifie beaucoup de choses, comme la nature, la réalité et l'abstrait. Mais la réalité et l'abstrait sont deux choses qui se chevauchent ». Cela n'empêche pas l'artiste de s'inspirer de la réalité à l'exemple de Chao urbain. Les traits s'entrecroisent traduisant une architecture brutale et un espace agressif qui agresse et dévore l'homme. Notons que l'exposition prendra fin aujourd'hui.