Les habitants de Bab El Oued, de la Casbah et ceux des hauteurs d'Alger peuvent enfin respirer l'air frais. En dépit du taux élevé de pollution et du brouhaha quotidien des quartiers populaires, les familles peuvent aujourd'hui se permettre, de jour comme de nuit, une balade sur le front de mer. Le circuit itinérant de la rue Icosium jusqu'au prolongement de la rue Meriem Abdelaziz, qui s'ouvre sur le front de mer qui domine la plage El Kettani (ex-Padovani), les écueils sont pavés d'une magnifique esplanade qui domine la mer. Les bancs publics faisant face à la DGSN jusqu'à l'hôtel El Kettani sont bondés de monde. Le front de mer qui surplomb la plage R'mila (boulevard du commandant Mira) n'est pas en reste. Une très jolie promenade vient d'être aménagée. Au site faisant face à la policlinique Mira, les travaux d'aménagement de ce lieu réputé pour être trés fréquenté par les familles se poursuivent toujours. Un parking situé en contrebas de l'esplanade à l'entrée du boulevard a été réalisé. Les familles séduites parlent aujourd'hui de la reconquête des traditions d'antan. Des rangées généreuses de bancs publics, de palmiers, de bacs à fleurs et à plantes en forme triangulaire agrémentent ce site. Relooké, ce grand espace de détente et de loisir a clairement changé l'aspect de ce quartier. Actuellement, il captive l'œil des visiteurs. Lors de notre déplacement sur les lieux, on pouvait apercevoir, non loin des baraques des pêcheurs à la ligne, des femmes vêtues en haïk ou en hidjab confortablement installées sur le sable de la plage R'mila. Un peu plus loin, deux adolescents, sacs à dos posés sur un rocher, s'adonnaient à des mouvements acrobatiques. Ces jeunes, à l'instar des femmes au foyer, ont préféré fuir le brouhaha du marché des Trois horloges, de zoudj ayoun ou des ruelles étroites de l'avenue Lotfi à la recherche du calme et de la quiétude. D'autres jeunes et moins jeunes sont installés sur les rochers de R'mila sirotant un café tout en contemplant la mer ou feuilletant un journal. Des employés de l'APC de Bab El oued s'affairent à des travaux de nettoyage. Pneus usités, bouts de ferraille rouillés et même des ordures ménagères sont extraits de la plage et des rochers. D'autres employés munis de balais s'activent à ramasser des détritus, des bouteilles en plastique et des résidus laissés par des visiteurs « indélicats ». Autorisée à la baignade d'après l'écriteau installé à l'entrée de la plage, des employés de l'office national d'assainissement (ONA) procédaient à l'évacuation des eaux usées qui se dégageaient des deux conduites. Une eau noirâtre se déversait sur cette plage « propre ». Seul point noir, la totalité des bancs publics sur cette esplanade ont été « arrosés » à l'huile de moteur et à la graisse. Faisant face aux façades des habitations, des couples, nous disent des riverains, ne respectent ni le bon voisinage ni les familles. « Ces énergumènes aux comportements peu délicats nous ont pourri la vie ». La plupart des familles, ajoutent nos interlocuteurs, ne tolèrent plus la présence sur ces lieux de « cette race- là ».