Un des scientifiques de l'équipe de spécialistes algériens et espagnols ayant procédé à l'évaluation des potentialités halieutiques nationales, a catégoriquement démenti les déclarations de professionnels de la pêche qui soutiennent, ici et là, que le poisson est devenu rare. Il s'agit du directeur de la Chambre de la pêche de Tlemcen qui participait à la divulgation des résultats de cette étude en l'école de pêche de Beni Saf. A cet égard, il n'a pas hésité à faire sienne la boutade consistant à dire que le poisson meurt de vieillesse particulièrement au large. Ainsi, a-t-il rapporté, le niveau de la biomasse est demeuré le même tel que cela avait été évalué en 1974 et en 1982. Elle a été estimée pour le petit pélagique (sardine, anchois, saurel et bogue) à 186 675 tonnes dont 80 239 à l'Ouest du pays, 68 616 au Centre et 37 820 à l'Est, la différence provenant de l'étendue des plateaux dans chaque région. Plus précis, le bilan révèle que la biomasse totale de la sardine et de l'anchois, par unité de surface d'un mille nautique carré, indique des indices similaires à l'est et à l'ouest, soit prés de 71,3 tonnes, alors que la zone du centre montre un indice plus élevé, soit 105,2 tonnes. « Ces indices s'avèrent supérieurs à ceux observés ces dernières années au niveau de certaines régions de la Méditerranée où l'exploitation du petit pélagique est considérée intense. » Pour ce qui est de la ressource démersale, soit 409 espèces recensées dont 163 correspondent à des poissons, il a été également relevé des dissimilitudes en terme d'abondance sur la côte algérienne par rapport aux autres régions de la Méditerranée, des dissimilitudes qui suggèrent un faible taux d'exploitation côté algérien. Cela a été vérifié par un constat d'abondance de certaines espèces indicatrices du degré d'exploitation appliqué aux écosystèmes. « Vous ne le croiriez pas mais nous avons pêché dans nos filets un merlan d' un mètre et un rapé de 50 kg », s'est exclamé le conférencier. A la question de savoir les raisons de cette situation, l'intervenant met en cause l'absence de pêche hauturière (en haute mer) et des techniques de pêche désuètes qui empêchent d'intervenir sur tous les fonds. Signalons que le programme d'évaluation s'est déroulé en deux campagnes en février/mars 2003 et 2004 à bord du navire océanographique Vizconde de Eza du ministère espagnol de l'Alimentation, l'Agriculture et la Pêche. L'objectif en était d'actualiser les connaissances sur les potentialités halieutiques nationales, de connaître la structure biologique ainsi que les caractéristiques écologiques de certains fonds chalutables de la plate-forme et talus de la côte algérienne et d'aboutir à une vue d'ensemble de la situation actuelle des ressources pélagiques et démersales en terme de distribution géographique et bathymétrique, d'abondance, de biomasse et de structure démographique. L'aire d'étude a porté des frontières maritimes algéro-tunisiennes aux frontières algéro-marocaines entre une distance de 30 m par rapport à la côte et 800 m au large de celle-ci. Enfin, l'équipe scientifique était constituée de deux, l'une algérienne (ministère de la Pêche, ministère de la Défense, ministère de l'Enseignement supérieur) et l'autre du ministère espagnol des Sciences et Technologies.