Interrogé par El Watan sur la loi française du 23 février 2005 portant « reconnaissance de la nation et contribution nationale en faveur des Français rapatriés », à la faveur d'un aparté avec la presse algérienne, alors qu'il venait d'inaugurer le consulat d'Algérie à Bobigny, Mohamed Bedjaoui, ministre des Affaires étrangères algérien, a souligné qu'« un amendement subrepticement introduit (ndlr : article 4 sur l'enseignement des aspects positifs de la colonisation) a surpris non seulement en Algérie, mais aussi en France. La France nous a habitués à des traditions d'enseignement libérales que cet amendement heurte frontalement. L'Université française est connue pour ses franchises ». Le ministre a ajouté que « c'est un problème franco-français » et qu'« une histoire dictée n'est pas l'Histoire ». Quant au traité d'amitié algéro-français, M. Bedjaoui l'a qualifié de « très important » dans le sens où il doit « réaliser la refondation des relations algéro-françaises ». « Nous avons vécu des hauts et des bas, des crises. Aujourd'hui, nous voulons faire une refondation de nos relations. » Evoquant « un travail de mémoire », M. Bedjaoui a souligné que « chacun des deux pays doit assumer ses responsabilités à cet égard pour un travail de mémoire en profondeur » et « tourner notre regard vers l'avenir ». Et de dire qu'« un certain nombre d'institutions montreront l'excellence des relations entre l'Algérie et la France avant la fin de l'année ». Mohamed Bedjaoui, qui a pris part à la réunion des ministres des Affaires étrangères Afrique-France devant préparer le sommet des chefs d'Etat, a profité de son passage à Paris pour inaugurer le consulat général de Bobigny. Cette représentation consulaire est un site pilote dans l'utilisation des nouvelles technologies devant permettre aux ressortissants algériens de bénéficier de prestations en qualité et en célérité. Ces technologies seront étendues à toutes les représentations consulaires algériennes. Le ministre des Affaires étrangères a rappelé que son département gère aujourd'hui environ 1,6 million de nationaux établis à l'étranger (ne sont pas compris les binationaux non immatriculés) à travers un dispositif consulaire qui couvre les cinq continents du monde avec environ 40 consulats, dont 18 en France. « Un plan de modernisation de grande ampleur de la gestion consulaire sera incessamment mis en œuvre. Nos consulats généraux et consulats en France et de par le monde disposeront de technologies les plus récentes pour assurer à nos citoyens une prestation de qualité », a indiqué le ministre. Il a annoncé que chaque ressortissant disposera d'une carte d'immatriculation intelligente (carte à puce) qui lui permettra, quel que soit le consulat dont il dépend, de bénéficier auprès de l'institution consulaire ou diplomatique la plus proche de prestations à distance. Un dispositif de délivrance de documents à distance sera également mis en place à travers internet. M. Bedjaoui a affirmé que ce plan, en trois phases, concernera, outre cette première phase de gestion consulaire, la gestion administrative et financière du personnel et du patrimoine mobilier et immobilier de l'Etat. Grâce à l'utilisation des moyens informatiques, le consulat général de Bobigny réalise jusqu'à 800 passeports par jour en période de pointe, ainsi que plusieurs centaines d'autres documents. « J'ai le souvenir du temps où j'étais ambassadeur, il y a trente ans, des difficultés dont notre communauté souffrait dans ses démarches administratives et consulaires », a rappelé le ministre. « Aujourd'hui, les choses s'améliorent et vont continuer de s'améliorer pour que la communauté algérienne à l'étranger reçoive toute la considération qui lui revient. » M. Bedjaoui a aussi annoncé que le ministère délégué chargé de l'Emigration sera rattaché aux Affaires étrangères, selon la volonté du chef de l'Etat.