Avec la récente décision du Conseil constitutionnel français de déclasser l'article 4 de la loi du 23 février 2005, les relations entre Alger et Paris devraient reprendre désormais leur cours normal. Quant au projet de traité d'amitié, il y a lieu de signaler que cet objectif est toujours à l'ordre du jour et que c'est un projet qui retient l'attention personnelle des deux chefs d'Etat. C'est en substance ce qu'a déclaré Mohammed Bedjaoui, ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères, dans une interview accordée, hier à l'APS, dans laquelle il présente la diplomatie algérienne, explique le recouvrement par l'Algérie de sa place sur la scène internationale et son rôle au Maghreb, dans le monde arabe et en Afrique. La Déclaration d'Alger de mars 2003 permet, selon le ministre, de tracer les contours de ce que doivent être les relations futures entre les deux pays avec la perspective de mise en place, à terme, d'un partenariat exemplaire et d'exception. L'Algérie et la France ont, de toute façon, ajoutera-t-il, éclairé les horizons de leurs relations à travers cette déclaration. M. Bedjaoui a reconnu, toutefois, que la loi du 23 février (portant reconnaissance de la nation et contribution nationale en faveur des Français rapatriés) a « considérablement freiné l'élan dans lequel se sont engagées les relations entre les deux pays particulièrement durant ces cinq dernières années ». C'est dans ce contexte qu'il évoquera que la diplomatie économique est un axe fondamental de l'action extérieure de l'Algérie. En cela, la recherche de toutes formes de partenariat bénéfique à l'économie du pays, à travers la valorisation des complémentarités économiques avec des entreprises étrangères, est encouragée, précisera-t-il. Ceci dans le but de promouvoir la production de biens destinés aussi bien à la satisfaction du marché national qu'à l'exportation et avec l'objectif, indiquera M. Bedjaoui, de tirer profit des opportunités offertes par la coopération internationale en matière de savoir-faire et de financement. Pour lui, la participation de notre diplomatie au renforcement de l'économie nationale se retrouve aussi dans la recherche systématique de tous les moyens susceptibles de contribuer à la modernisation du système financier et bancaire algérien dans le but de favoriser davantage son adaptation à l'environnement économique international. Il fera observer que la législation algérienne offre des avantages substantiels, telle la possibilité de détenir jusqu'à 100 % du capital des sociétés en Algérie. Cela sans manquer de rappeler que l'Algérie a été, récemment encore, le premier pays bénéficiaire d'investissements étrangers dans le monde arabe, dira le ministre. Selon ce dernier, la diversification de la structure des échanges commerciaux, particulièrement la promotion des exportations hors hydrocarbures, est également un objectif essentiel de l'action diplomatique de l'Algérie. Pour la construction du Maghreb, l'Algérie, rappellera M. Bedjaoui, a, durant les neuf années consécutives de sa présidence de l'UMA entre 1994 et 2003, ratifié 29 accords sur les 39. Pour le Sommet de Khartoum qui se tiendra fin mars, la situation au Proche-Orient passe par la création d'un Etat palestinien indépendant, avec pour capitale El Qods, avec aussi, soulignera M. Bedjaoui, l'évacuation des territoires syriens et libanais encore occupés par Israël. Il faut respecter la volonté librement exprimée par le peuple palestinien et considérer Hamas comme une partie de la solution, notera-t-il. Concernant l'Irak, le ministre relèvera que ce pays a besoin de paix et de sécurité qui ne peuvent être obtenues que par le retrait des forces étrangères. A propos de la polémique sur les caricatures, l'Algérie a fermement réagi dès leur publication en s'adressant directement aux autorités du Danemark et de Norvège. M. Bedjaoui considère que ces caricatures ont pris l'apparence pernicieuse d'un message subliminal associant la foi de plus d'un milliard de musulmans au phénomène du terrorisme comme une espèce de tare congénitale.