L'affaire a fait couler beaucoup d'encre. Et à présent, l'opération arrive à sa fin. Les faux moudjahidine seront traduits devant la justice. La précision est de Mohamed-Chérif Abbas, ministre des Moudjahidine. Elle est venue en guise de réponse à l'interpellation, jeudi 16 juin, lors d'une séance plénière à l'APN consacrée aux questions orales, de deux députés, Abdelkrim Benbarek (FLN) et Kheireddine Rahoui (indépendant). M. Benbarek voulait savoir si cette opération d'épuration des rangs des moudjahidine ne risque pas d'être utilisée pour des règlements de comptes en se demandant quel serait le sort de celui qui accusera à tort. M. Rahoui s'est interrogé sur les mesures prises contre ceux dont le délit est prouvé. Mohamed-Chérif Abbas a répondu que « toutes les attestations de reconnaissance des moudjahidine, dont la falsification pour l'obtention du statut de moudjahid sera avérée, seront retirées par l'Etat ». Selon lui, la loi sera appliquée dans toute sa rigueur sur « les faux moudjahidine après investigation, enquête et témoignages ». Il a attesté que « les usurpateurs seront présentés devant la justice et déchus des privilèges dont ils ont bénéficié à ce titre ». Le ministre a ajouté que son département s'est échiné à solutionner ce problème définitivement pour ainsi « libérer l'Histoire de toute imposture afin de se tourner vers le plus important, soit l'édification et le développement », tout en affirmant que le phénomène n'est pas nouveau. Mais, précisera-t-il, celui-ci existe depuis les premiers jours de l'indépendance. Sans indiquer le nombre de fausses déclarations de moudjahidine, le ministre a souligné la complexité et la délicatesse de la question qui taraude la mémoire algérienne depuis des années. Il a toutefois affiché sa confiance en son département ministériel et en l'Organisation nationale des moudjahidine (ONM), qui « disposent de méthodes et d'informations à même de permettre l'aboutissement à la vérité » pour mener à bien cette opération. Il a affirmé que « les investigations se déroulent dans le respect de la loi et la transparence totale en vue de rétablir chacun dans ses droits », tout en indiquant que « le message du chahid et du moudjahid ne saurait souffrir de faux ». Le SNMG, selon Louh Tayeb Louh, ministre du Travail, a répondu, de son côté, à une question de Mohamed Djemayai relative à la revalorisation du salaire national minimum garanti (SNMG) qui ne correspond plus à la réalité du marché. Le ministre dira que l'augmentation de ce dernier est « progressive » et tient compte d'« une stratégie précise arrêtée par le gouvernement ». Plus précis, Tayeb Louh affirmera : « Ce salaire est arrêté en vertu de la loi et en concertation avec les organisations syndicales et le patronat, et ce, dans le cadre de la bipartite ou de la tripartite. » Voulant être persuasif, le ministre énumérera les divers rappels. « La bipartite de septembre 2003 avait abouti à l'adoption du principe d'augmentation du SNMG qui était de 8000 DA et que la tripartite du mois d'octobre de la même année avait décidé d'une augmentation du SNMG à 10 000 DA, une hausse de 25% », a-t-il rappelé tout en insistant que « la législation nationale concernant l'augmentation du SNMG est conforme aux conventions de l'Organisation internationale du travail (OIT) ». Roublardise ? Le ministre du Travail poursuivra en citant les trois critères définis par l'OIT pour procéder à l'augmentation. Ceux-ci sont « la moyenne de production nationale enregistrée, les prix à la consommation et la situation économique générale ». Soucieux du « look » de la composante gouvernementale, dont il fait partie, Tayeb Louh a mis en évidence ce détail : « Le gouvernement respecte ces paramètres et tend, dans le cadre du pacte national socioéconomique, à réaliser un équilibre entre l'augmentation du SNMG et le développement économique. » Selon ses dires, le SNMG a suffisamment évolué depuis 1994, citant le taux de 250%. Le ministre a oublié de parler des prix des produits alimentaires, de l'électricité, du gaz et de l'eau qui ont presque quadruplé depuis plus d'une année et qui connaîtront de nouvelles hausses d'ici à la fin de l'année. Il tentera de rassurer les citoyens en soutenant que « les indices économiques actuels prévoient une amélioration dans les normes permettant la hausse des salaires ». Louant l'action de l'Exécutif, il s'est félicité de la baisse consistante du chômage. « Le taux de chômage a reculé de 30% en 1990 à 17,7% en 2004 », a-t-il insisté tout en indiquant que « la politique de privatisation et de partenariat a favorisé la création de près de 5000 emplois jusqu'à présent ». « Pluralisme syndical : dans les limites de la loi » Au registre de l'activité syndicale et concernant le refus de son département ministériel d'agréer le Conseil national des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (CNAPEST), Tayeb Louh a souligné la consécration « du droit syndical en vertu de la Constitution » et « sa reconnaissance par tous dans les limites de la loi ». Il a néanmoins précisé que ce droit « s'exerce dans le cadre de la loi qui s'applique à tous ». A ses yeux, le pluralisme politique est maintenant devenu « une réalité palpable ». Pour étayer ses propos, il livrera le chiffre de 55 organisations syndicales et de 22 organisations patronales qui ont été créées depuis 1990, dont 24 organisations syndicales ont vu le jour dans le secteur de l'économie publique et 31 dans la Fonction publique. Le ministre a fait remarquer l'inexistence d'une organisation syndicale dans le secteur économique privé. Pour lui, cela ne signifie nullement que l'Etat fait « de distinction entre le secteur économique public et privé », car, ajoutera-t-il, l'Exécutif « n'adopte pas de traitement discriminatoire à l'égard des syndicats ». Tayeb Louh a rejeté l'idée selon laquelle « le gouvernement favorise l'UGTA au détriment d'autres syndicats ». Selon lui, « la loi prévoit l'adhésion de 20% des travailleurs à un syndicat pour que ce dernier prétende à la représentativité ». Et si le gouvernement traite uniquement avec l'UGTA, c'est parce qu'elle est « la seule organisation syndicale représentative au niveau national ». Tentant de justifier les poursuites judiciaires contre des enseignants animateurs du CNAPEST, le ministre du Travail a précisé que « l'application des lois de la République ne saurait s'assimiler à un abus ou à un dépassement ».