Abdelaziz Belkhadem, ministre d'Etat, représentant personnel du président de la République et ex-ministre des Affaires étrangères, a qualifié la décision du Palais royal d'annuler la visite du chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, au Maroc de « politiquement étrange et diplomatiquement maladroite ». Répondant aux questions des journalistes, en marge de la clôture, à Alger, des travaux de la journée d'étude sur l'enfance, la femme et la société civile, le ministre d'Etat a précisé : « Le Maroc souverain a reporté cette visite d'une manière unilatérale. » Ainsi, pour lui, « on n'explique pas cette manière de faire ». L'ex-ministre des Affaires étrangères, qui ne semble pas tout à fait déchargé de cette mission, trouve « anormal » qu'on décide unilatéralement du report d'une visite bilatérale. Affichant un peu de regrets quant à cette fausse note marocaine, Abdelaziz Belkhadem a, néanmoins, réaffirmé l'attachement de l'Algérie à la promotion de « la politique de bon voisinage » avec le Maroc qui restera, toujours selon lui, « un pays frère et voisin ». « Nous voulons normaliser nos relations avec nos frères marocains en laissant la question du Sahara-Occidental à l'ONU », a-t-il soutenu. Quant à la réaction du gouvernement algérien, Belkhadem a préféré ne rien dire à ce propos, arguant qu'il ne pouvait pas parler en nom et place du ministre des Affaires étrangères, Mohamed Bedjaoui. Du côté du ministère algérien des Affaires étrangères, c'est le silence total. Idem pour le cabinet du chef du gouvernement. Pour rappel, cette visite a été annoncée par l'ambassadeur marocain à Alger, Mohammed Saïd Benryane, pour les 21 et 22 juin, annonce qui a été confirmée, juste après, par Belkhadem. Mais Ahmed Ouyahia a refusé de confirmer ou d'infirmer la programmation officielle de cette visite. Le 9 juin dernier, Ouyahia avait déclaré à la presse algérienne qu'il n'y avait pas d'annonce officielle. Il a, en revanche, indiqué qu'une telle visite, s'il y en a une, sera annoncée en temps opportun, avant d'ajouter cette phrase qui sonnait comme une mise au point à ceux qui avaient fait l'annonce : « Il ne s'agit pas d'une marchandise à vendre sur le marché. » L'objectif de cette visite était d'examiner un certain nombre de points relatifs au contentieux qui existe entre les deux Etats, notamment la question de l'indemnisation des Algériens expulsés et spoliés de leurs biens suite à la fermeture des frontières. Mais aussi cette visite allait être le point de déclic de la coopération bilatérale dans différents domaines de l'économie. œuvrant à rétablir les relations bilatérales, le président Bouteflika a eu un tête-à-tête avec le roi Mohammed VI entouré de secret, car cette rencontre n'a pas été couronnée de déclarations officielles. Mais dans les médias, que ce soit du côté algérien ou marocain, on a interprété ce tête-à-tête comme un signe de dégel des relations bilatérales. Côté marocain, on attendait incessamment la décision d'Alger d'ouvrir les frontières. Des frontières qui demeurent fermées.