La décision discourtoise de Rabat d'annuler unilatéralement la visite du Chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, au Maroc aura pour effet de replonger, pour longtemps, les relations algéro-marocaines dans une période de froid. L'hostilité subite manifestée du palais royale marocain à l'égard de l'Algérie demeure inexplicable dans la mesure où le gouvernement algérien n'a pas cessé, ces derniers mois, de souligner sa disponibilité à développer ses relations avec ce pays. Outre les effets sur les relations bilatérales, la rupture violente par le Palais royale du dialogue politique entretenu jusque là par les gouvernements algérien et marocain entraînera un blocage de la construction maghrébine, déjà au point mort mais porté, pendant dix ans, à tour de bras par Alger, et dont Rabat est appelé à porter seul la responsabilité. Si la décision du Royaume constitue un précédant dans l'histoire de la diplomatie, d'autant qu'elle a été prise à un moment où les relations bilatérales se trouvaient en période de réchauffement, elle se fonde sur un chapelet de mensonges. Le premier étant de tenter de faire croire que le conflit du Sahara occidental est un différent opposant l'Algérie et le Maroc et de faire admettre l'idée d'un manque de volonté du coté algérien d'aller vers une normalisation des relations. Pour essayer de faire passer « la pilule », le palais royal a convoqué le plus mauvais des arguments. Celui-ci a consisté à reprocher à l'Algérie sa position à l'égard du dossier Sahraoui. Une position alignée sur celle de l'ONU et qui découple de manière claire le Conflit du Sahara occidentale des relations algéro-marocaines. Une source diplomatique mentionne, à ce propos, que le communique du ministère marocain des Affaires étrangères annonçant la décision d'annuler la visite de Ahmed Ouyahia à Rabat « comporte des contre-vérités et une déformation manifeste et volontaire des réalités, en prétendant que la politique algérienne à l'égard du Maroc est incohérente ». Rappelant les efforts déployé par l'Algérie "pour le rapprochement avec le Maroc ", dont la dernière en date était la visite prévue de M. Ouyahia à Rabat, décidée lors de la rencontre entre le président Bouteflika et le roi Mohamed VI à Alger, la même source ajoute que trois groupes de travail ont été constitués après la visite au Maroc en 2002 de M. Belkhadem, alors ministre des Affaires étrangères, suivie de celle du chef de la diplomatie marocaine à Alger pour examiner les différents volets. Le travail, ajoute-t-on, a été poursuivi par des experts des deux pays et a abouti à des résultats. L'on souligne la « façon incompréhensible et totalement maladroite du Maroc de donner un sérieux coup de frein au rapprochement tant espéré par nos deux peuples en invoquant le motif fallacieux de la question du Sahara Occidental ». Il est a relevé la campagne « haineuse » et injustifiable menée contre l'Algérie par la presse marocaine . Au titre de la question du Sahara occidental, la même source a tenu à rappeler que la position de l'Algérie a toujours été caractérisée par la « limpidité ». « L'Algérie qui a accédé à l'indépendance par un référendum d'autodétermination arraché au prix de plus de sept ans de guerre et de tant de sacrifice, a toujours fait sien le devoir de soutenir le droit des peuples à l'autodétermination ou qu'ils soient », souligne-t-on. « Nous avons toujours signifié à nos frères marocains, et ils le savent bien : les relations bilatérales n'ont rien à voir avec la question du Sahara Occidental. La question sahraouie a fait l'objet de plusieurs résolutions des Nations Unies, qui toutes affirment le droit du peuple sahraoui à disposer de lui-même, et elle est à l'ordre du jour de la quatrième commission de l'Onu, chargée de la décolonisation", a indiqué la même source. « Si il y a un principe très fort de la politique extérieure algérienne c'est le respect de la légalité internationale », a affirmé cette source en rappelant que le Maroc avait accepté, dès le sommet africain de 1981 à Nairobi, la tenue d'un référendum d'autodétermination au Sahara Occidental, qu'il continue depuis de bloquer. Au sujet de la campagne anti-algérienne menée par le Maroc, la source diplomatique algérienne n'a pas hésité à qualifier de « graves » et d' « irresponsables » les manifestations organisées à l'étranger et au Maroc devant les ambassades et les consulats algériens, préparées par les ambassades marocaines qui ne s'en cachent pas, en publiant des tracts appelant à se rassembler devant les représentations algériennes.